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Toujours plus loin

Floride : les Républicains veulent la fin de la vaccination à l’école, les démocrates redoutent une «catastrophe sanitaire»

Le gouverneur et l’administrateur de la Santé publique de l’Etat américain conservateur ont annoncé ce mercredi 3 septembre vouloir supprimer les vaccins contre la rougeole ou la varicelle dénonçant une intrusion «immorale» dans les droits des personnes.

L'administrateur de la santé publique de la Floride, Joseph Ladapo, le 17 mai 2022. (Joe Raedle/Getty Images via AFP)
Publié le 03/09/2025 à 21h05

«Make America Healthy Again». Pour rendre l’Amérique de nouveau en bonne santé, les responsables républicains de l’Etat de Floride viennent de prendre une décision en contradiction avec les études scientifiques. Ils ont annoncé ce mercredi 3 septembre leur volonté de supprimer les vaccins «jusqu’au dernier». L’objectif est d’éliminer progressivement toutes les obligations vaccinales des enfants des écoles de Floride, dans la droite lignée de l’offensive menée par son gouverneur, Ron DeSantis.

«Esclavage»

Ce dernier a ainsi annoncé la création d’une commission, «Make America Healthy Again», sur le modèle d’initiatives similaires lancées au niveau fédéral par le controversé ministre à la Santé, Robert F. Kennedy Jr. Connu pour ses positions antivaccins, le ministre a été accusé récemment par neuf anciens chefs de l’agence sanitaire des Etats-Unis de «mettre en danger la santé de tous les Américains».

En ce qui concerne la vaccination des enfants en Floride, le Dr Joseph Ladapo, chirurgien et administrateur de la Santé publique de l’État, a qualifié les exigences actuelles dans les écoles d’intrusion «immorale» dans les droits des personnes. Pour lui, la vaccination obligatoire à l’école frise «l’esclavage», et entrave la capacité des parents à prendre des décisions en matière de santé pour leurs enfants.

«Chacun a le droit de prendre ses propres décisions, des décisions éclairées», a-t-il justifié ce jour lors d’une conférence de presse à Valrico, dans la région de Tampa. «Ils n’ont pas le droit de vous dicter ce que vous devez ingérer. Empêchez-les», a poursuivi celui qui s’est souvent opposé au corps médical.

Joseph Ladapo a également assuré que son ministère de la Santé pouvait tout à fait supprimer ses propres règles en matière d’obligations vaccinales, mais que d’autres nécessiteront une action de l’Assemblée législative de Floride. Il n’a pas précisé lesquels en particulier, mais a répété à plusieurs reprises que cet effort permettrait d’éliminer «tous les vaccins. Jusqu’au dernier». Et de se vanter de devenir, potentiellement, le premier Etat américain à en supprimer autant.

«Catastrophe sanitaire en devenir»

En Floride, les obligations vaccinales pour les garderies et les écoles publiques comprennent des vaccins contre la rougeole, la varicelle, l’hépatite B, la polio et d’autres encore, selon le site du ministère de la Santé de l’État. Sous Ron DeSantis, l’Etat républicain a aussi freiné la vaccination des écoliers contre le Covid-19. «Je ne pense pas qu’un autre État ait fait autant que la Floride. Nous voulons garder une longueur d’avance», a déclaré le gouverneur.

«C’est une catastrophe sanitaire en devenir pour le Sunshine State», a réagi sur ses réseaux sociaux la représentante démocrate de l’Etat, Anna Eskamani. «Mettre fin à la vaccination obligatoire est imprudent et dangereux, alerte-t-elle. Cela entraînera une baisse des taux de vaccination et ouvrira la voie à des épidémies de maladies évitables, mettant en danger les enfants, les personnes âgées et les Floridiens vulnérables».

En parallèle, la Californie, l’Oregon et l’Etat de Washington ont annoncé ce mercredi former une «alliance sanitaire» pour proposer leurs propres recommandations vaccinales, une initiative destinée à contrer justement les efforts de l’administration Trump pour réformer la politique vaccinale du pays. Cette alliance visera à fournir aux populations des recommandations vaccinales ainsi que des informations sur l’efficacité et la sûreté des vaccins «élaborées par des scientifiques, des médecins et d’autres responsables de santé publique de confiance», détaillent-ils.