Menu
Libération
Déso pas déso

Fuite de données militaires aux Etats-Unis : Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale de Trump, assume sa «responsabilité»

Mike Waltz, le conseiller de Donald Trump ayant par erreur transmis les plans de frappes au Yémen à un journaliste sur la messagerie Signal, dit assumer sa responsabilité. Et reçoit le soutien du président des Etats-Unis.
Le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Mike Waltz, à la Maison Blanche à Washington, le 25 mars 2025. (Evelyn Hockstein/REUTERS)
publié le 26 mars 2025 à 8h42

Une boulette à moitié concédée. Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump à l’origine de la spectaculaire faille de sécurité concernant les frappes américaines au Yémen, a dit mardi 26 mars assumer sa «responsabilité» après qu’un journaliste s’est retrouvé dans le groupe Signal qu’il avait créé. «J’assume mon entière responsabilité. J’ai créé ce groupe», a réagi sur Fox News Mike Waltz lors de sa première interview depuis la révélation de ces faits, suggérant qu’il avait pu avoir le numéro du journaliste enregistré sur son téléphone en pensant que c’était celui de quelqu’un d’autre. «On a les meilleures équipes techniques qui essaient de comprendre comment cela a pu se produire», a-t-il ajouté. «Je ne connais pas ce type, je ne le connais que de réputation, et elle est horrible […] mais je ne lui écris pas», a-t-il insisté.

Lors d’un appel téléphonique avec la chaîne NBC, Donald Trump a de son côté choisi de contre-attaquer de manière agressive. Le président américain, entré en fonction en janvier, a estimé lors d’un appel téléphonique avec la chaîne NBC qu’il s’agissait du «seul pépin en deux mois, et au final sans gravité». Il a ensuite déclaré que Jeffrey Goldberg, qui a révélé avoir été ajouté par erreur à un groupe de discussions des plus hauts responsables américains, était un «tordu», et a assuré que «tout le monde se fiche» de ce que publie The Atlantic, dont Jeffrey Goldberg est le rédacteur en chef.

Concernant son conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, l’élu républicain passe la pommade. «Il fait de son mieux» et «c’est un homme très bien», a-t-il déclaré pendant un échange avec la presse à la Maison Blanche. D’après lui, ce dernier n’avait pas à s’excuser. Seule concession du républicain de 78 ans : son conseiller va «probablement» s’abstenir «dans l’immédiat» d’utiliser à nouveau la messagerie privée Signal, au cœur de cette affaire. Dans la soirée, le président a ajouté lors d’une interview sur la chaîne Newsmax que c’était peut-être «quelqu’un qui travaille pour Mike Waltz» qui avait le numéro de Jeffrey Goldberg et serait responsable de son ajout dans la boucle Signal.

«Il n’y avait pas d’informations classifiées partagées», a affirmé pour sa part la directrice du renseignement, Tulsi Gabbard, assaillie de questions par les élus démocrates pendant une audition, prévue de longue date, au Sénat. Elle a toutefois refusé de confirmer qu’elle était bien l’une des participantes de très haut niveau du groupe de discussion sur Signal auquel Jeffrey Goldberg a été ajouté. Le patron de la CIA, John Ratcliffe, auditionné en même temps que Tulsi Gabbard, a admis avoir participé à cette boucle de messages consacrée aux préparatifs d’attaques aériennes contre les rebelles houthis, menées finalement le 15 mars. Il a toutefois défendu un usage «autorisé et légal» selon lui de cette application pour ces échanges entre le vice-président, JD Vance, le ministre de la Défense, Pete Hegseth et le chef de la diplomatie, Marco Rubio, parmi d’autres.

Pub gratuite pour Signal

L’opposition démocrate, qui peinait jusqu’ici à trouver un angle d’attaque contre Donald Trump, pilonne le gouvernement. Le sénateur démocrate Mark Warner a ainsi fustigé «l’attitude négligente, imprudente, incompétente» des lieutenants du président républicain. Le journaliste Jeffrey Goldberg assure avoir vu un projet d’attaque détaillé, avec des informations sur les cibles et le déroulé de l’opération. Il a aussi reproduit certains échanges hostiles envers les Européens, que JD Vance accuse de profiter à bon compte des opérations militaires américaines. Interrogé à ce sujet, Donald Trump a estimé à son tour mardi que les Européens étaient des «profiteurs».

Selon les messages reproduits dans The Atlantic, JD Vance a estimé que conduire les frappes au Yémen serait une «erreur», car l’opération, en renforçant la sécurité du transport de marchandises en mer Rouge, bénéficierait surtout aux Européens. «Si tu penses qu’il faut le faire, allons-y. C’est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois», écrit le vice-président à l’intention du ministre de la Défense, toujours selon le magazine. Lequel répond : «Je suis complètement d’accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C’est PATHETIQUE», mais il justifie néanmoins l’attaque pour «rouvrir les liaisons» maritimes.

Le fondateur de Signal, messagerie prisée des journalistes pour la confidentialité qu’elle promet, ne s’est lui pas privé de vanter son produit sur X. «Il y a beaucoup de bonnes raisons d’être sur Signal. L’une d’elles est désormais la possibilité pour le vice-président des Etats-Unis de vous inclure au hasard dans une discussion de groupe sur la coordination d’opérations militaires sensibles», a blagué Moxie Marlinspike.