L’affaire continue de secouer Washington. Un juge a ordonné jeudi 27 mars à l’administration Trump de conserver les messages de la conversation dans laquelle les lieutenants du président américain évoquent les opérations militaires contre les rebelles houthis du Yémen. Donnant directement les informations à un journaliste de The Atlantic, intégré par erreur dans le groupe de discussion, qui les a révélé lundi 24 mars dans son journal.
Une association de défense de la transparence, American Oversight, a porté plainte mercredi contre les éminents membres du chat : le chef du Pentagone, Pete Hegseth, le vice-président, J.D. Vance, ou encore patron de la CIA, John Ratcliffe, les accusant d’avoir contrevenu à l’obligation d’archiver tout document officiel. L’ONG souligne que les messages apparaissant sur les copies d’écran publiées par le magazine contiennent un symbole prouvant qu’ils allaient s’autodétruire au bout d’un certain temps.
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A l’issue d’une audience de référé, un juge fédéral a ordonné aux responsables inclus dans la conversation de «faire tout leur possible pour conserver toutes les communications sur Signal du 11 au 15 mars 2025». La première date correspond à la création du groupe par le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz et la seconde aux frappes américaines contre les Houthis du Yémen. Durant tout ce temps, le journaliste Jeffrey Goldberg a eu accès aux discussions au plus haut sommet de l’Etat américain sur l’intérêt d’une telle action militaire et ses détails opérationnels.
Donald Trump dénonce une «chasse aux sorcières»
Le juge en charge du dossier, James Boasberg, a également demandé jeudi à l’exécutif américain d’apporter d’ici lundi la preuve qu’il «a pris des mesures pour une telle conservation». Un double affront pour le président qui estime «scandaleux» d’avoir attribué le dossier à ce juge avec qui il a déjà eu des contentieux lors d’une affaire d’expulsions de membres présumés d’un gang vénézuélien. James Boasberg a quant à lui rappelé en début d’audience qu’il avait été désigné de manière aléatoire.
De son côté, l’opposition démocrate, arguant que la vie de soldats américains aurait pu être mise en danger, réclame la démission du secrétaire à la Défense Pete Hegseth. Mais le président Donald Trump, qui dénonce une «chasse aux sorcières», a soutenu son ministre. La perspective d’une enquête interne du Pentagone «ne me dérange pas», a-t-il cependant dit mercredi à des journalistes.
Deux sénateurs américains de poids, Roger Wicker, démocrate, et Jack Reed, un républicain, ont justement demandé jeudi à l’inspecteur général du Pentagone de «mener une enquête» sur cette faille de sécurité. «S’il est vrai, cet article suscite des interrogations sur l’usage de réseaux non-sécurisés pour parler d’informations confidentielles et secret-défense», écrivent les sénateurs dans une lettre.
Une cinquantaine de morts et une centaine de blessés
«Nous n’avons jamais nié que c’était une erreur», a déclaré jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, rappelant que Mike Waltz avait assumé publiquement sa «responsabilité» pour avoir ajouté ce journaliste dans cette discussion. Mais il y a peu de chance de voir s’ouvrir une enquête pénale sur l’affaire. Son chef de la diplomatie a aussi reconnu une «grosse erreur». La secrétaire à la Justice Pam Bondi a pour sa part assuré qu’il «s’agissait d’informations sensibles mais pas classées secret-défense». «La mission a été un grand succès.»
Les Houthis affirment que ces frappes américaines, qui visent à mettre un terme aux à leurs attaques contre les navires empruntant les routes commerciales de la mer Rouge, ont fait une cinquantaine de morts et une centaine de blessés.