Le chef de la diplomatie israélienne, Gidéon Saar, a accusé ce jeudi 22 mai des pays européens d’«incitation à la haine», quelques heures après le meurtre de deux employés de l’ambassade d’Israël à proximité du musée juif de Washington. Sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, l’homme suspecté d’être l’auteur des coups de feu crie «Free Palestine»

«Il existe un lien direct entre l’incitation à la haine antisémite et anti-israélienne, et ce meurtre. Cette incitation est également le fait de dirigeants et de responsables de nombreux pays et organisations internationales, particulièrement en Europe», a déclaré Gidéon Saar lors d’une conférence de presse à Jérusalem.

De son côté, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a déploré «le terrible prix de l’antisémitisme et l’incitation furieuse [à la violence] contre l’Etat d’Israël».

Mardi, lors d’un Conseil des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles, 17 Etats membres (sur 27) de l’UE - dont la France - ont soutenu la demande des Pays-Bas d’examiner si Israël respectait les droits de l’homme à Gaza.

Cette attaque survient alors que le gouvernement israélien est de plus en plus critiqué à l’international pour la conduite de son offensive dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

La France a fermement rejeté les accusations du chef de la diplomatie israélienne. Il s’agit de «propos parfaitement outranciers et parfaitement injustifiés», a estimé Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. «La France a condamné, la France condamne et la France continuera à condamner toujours et sans ambiguïté tout acte antisémite», a-t-il souligné.

En déplacement à Nice, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a répété que la France avait condamné «avec la plus grande fermeté cette abomination, cette attaque horrible qui a visé des diplomates israéliens». Il a fait savoir qu’il avait en outre adressé jeudi matin un message à son homologue israélien «pour lui dire à quel point [il était] peiné de ce qui s’est produit, à quel point [il pensait] aux familles de ces diplomates mais aussi à tous leurs collègues au ministère des Affaires étrangères israélien».

«Cette violence aveugle n’a évidemment pas lieu d’être» et est «absolument condamnable», a ajouté le ministre français, soulignant la mobilisation de Paris «pour assurer la sécurité des membres de la communauté juive dans notre pays». «Nous déplorons l’explosion des actes antisémites que nous avons constatés sur le territoire national ces dernières années mais nous luttons contre cette explosion avec la plus grande fermeté», a-t-il également assuré.

L’Union européenne et les pays du vieux continent avaient également réagi en nombre après à la fusillade, dénonçant une attaque à caractère antisémite. La cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, s’est dite «choquée» : «La haine, l’extrémisme et l’antisémitisme n’ont pas et ne devraient pas avoir de place dans nos sociétés», a-t-elle affirmé dans une publication sur le réseau social X.

Le chancelier Friedrich Merz a, lui, «fermement» condamné ces meurtres, dénonçant un «acte odieux», «partant du principe qu’il s’agit d’un acte antisémite». Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy s’est de son côté dit «horrifié» et dénonce encore un acte «antisémite épouvantable».

Mise à jour à 17 h 05, avec la réaction de Paris.