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«Golfe d’Amérique» : la chambre des représentants à majorité républicaine singe Donald Trump

Le texte, porté par une députée radicalement trumpiste, a été adopté avec la quasi totalité des voix républicaines. Toutefois, ce changement de nom a peu de chance d’être adopté au Sénat.
Marjorie Taylor Greene le 7 mai à Washington. (Kayla Bartkowski/Getty Images. AFP)
publié le 8 mai 2025 à 19h54

Une nouvelle victoire pour Donald Trump et sa lubie de restaurer des noms qui «honorent la grandeur de l’Amérique». La Chambre américaine des représentants a adopté ce jeudi 8 mai un texte pour rebaptiser officiellement aux Etats-Unis le golfe du Mexique en «golfe d’Amérique» et donner ainsi force de loi au décret signé par le président lors de son retour au pouvoir.

La proposition de loi, portée par l’élue Qanon Marjorie Taylor Greene, vise notamment à compliquer toute révocation à l’avenir de cette nouvelle appellation. Un futur président démocrate pourrait en effet annuler d’un trait de plume le décret exécutif du républicain, alors qu’une loi ne peut être abolie qu’en passant par un nouveau processus législatif.

Le texte n’a cependant que peu de chances d’être adopté au Sénat. Si les républicains y disposent de 53 sièges sur 100, le texte aurait en effet besoin de 60 voix pour être adopté.

Cette proposition de loi «est tellement importante pour le peuple américain», a affirmé Marjorie Taylor Greene dans l’hémicycle avant le vote. «Les Américains méritent de la fierté dans leur pays et dans les eaux que nous possédons, que nous protégeons avec nos forces armées», a ajouté cette fidèle du président républicain, habituée des sorties complotistes.

«Morceau de législation ridicule, mesquin, et servile»

Le texte a été adopté avec 211 voix pour et 206 contre - dont un élu républicain. Le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, avait appelé à voter contre, le qualifiant «de morceau de législation ridicule, mesquin, et servile».

Dès le 20 janvier, premier jour de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump avait signé un décret changeant le nom du golfe du Mexique en «golfe d’Amérique». Dans la foulée, les grands groupes américains de la tech Google et Apple avaient décidé de renommer le golfe sur leurs outils cartographiques pour les utilisateurs américains.

Le décret avait aussi entraîné une véritable passe d’armes entre l’agence de presse américaine Associated Press et la Maison Blanche, en raison du refus de la première d’adopter le nouveau nom. Dans une note éditoriale, AP avait expliqué que ce décret ne faisait autorité qu’aux Etats-Unis, le Mexique ainsi que d’autres pays et organismes internationaux n’ayant «pas reconnu le changement de nom».

Pilier du journalisme aux Etats-Unis, AP avait notamment été exclue du Bureau ovale et de l’avion présidentiel «Air Force One» en février. Un juge fédéral a sommé la Maison Blanche début avril de rétablir le plein accès de l’agence, sans que l’exécutif américain ne s’y soit plié complètement.