De quoi faire monter encore d’un cran la tension autour de ce déplacement. Le vice-président américain J.D. Vance a annoncé ce mardi 25 mars au soir qu’il se joindrait vendredi à la visite prévue par son épouse Usha Vance au Groenland. «Il y avait tant d’excitation autour de la visite d’Usha au Groenland vendredi que j’ai décidé que je ne voulais pas la laisser s’amuser toute seule et je me joindrai donc à elle», a-t-il justifié dans une vidéo publiée sur la plateforme X.
L’ancien sénateur de l’Ohio a ajouté qu’il irait à la rencontre de membres de «Space Force», la sixième branche des forces armées des États-Unis, installée à Pituffik, petite ville au nord-ouest du territoire. J.D. Vance a également souligné qu’une fois sur place, il s’intéresserait en particulier aux questions de «sécurité» impliquant l’immense île arctique.
Décryptage
«Beaucoup d’autres pays ont menacé le Groenland, ont menacé d’utiliser son territoire et ses eaux pour menacer les Etats-Unis», a argué le vice-président américain, reprenant l’argumentaire de son mentor Donald Trump. Car pour ce dernier, annexer le Groenland répond bien à un impératif de sécurité nationale pour les Etats-Unis, voire pour le monde entier.
A part J.D. Vance et son épouse, Usha, étaient déjà prévus pour cette virée au Groenland le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, et le ministre de l’Energie Chris Wright. Usha Vance, en visite «privée» de jeudi à samedi, a quant à elle prévu d’assister à une course nationale de chiens de traîneau à Sisimiut, sur la côte nord-ouest. D’après la presse locale, l’évènement a été largement sponsorisé par le consulat américain à Nuuk.
«C’est une pression à laquelle nous allons résister»
L’annonce tardive de la venue du vice-président américain n’a pas manqué de susciter la colère de la classe politique danoise et groenlandaise. «On ne peut pas organiser une visite privée avec des représentants officiels d’un autre pays», a réagi ce mardi soir la cheffe du gouvernement danois Mette Frederiksen dans un entretien à la presse danoise. «La pression exercée sur le Groenland et le Danemark dans cette situation est inacceptable. Et c’est une pression à laquelle nous allons résister», a-t-elle ajouté, martelant avoir le soutien de ses alliés à travers l’Europe.
Le Groenland est dans l’attente d’un gouvernement après la tenue d’élections législatives le 11 mars qui ont vu la victoire du centre-droit. Sur Facebook, le gouvernement sortant a rappelé n’avoir «envoyé aucune invitation pour des visites, qu’elles soient privées ou officielles». «Le gouvernement actuel est un gouvernement de transition dans l’attente de la formation d’une nouvelle coalition gouvernementale, et nous avons demandé à tous les pays de respecter ce processus», est-il écrit. «Aucun membre du système officiel groenlandais n’a invité ces soi-disant touristes», a également insisté la députée Aaja Chemnitz, qui représente le Groenland au Parlement danois.
Le Premier ministre sortant groenlandais Mute Egede avait déjà dénoncé lundi une «ingérence étrangère». «Il convient de souligner que notre intégrité et notre démocratie doivent être respectées», avait-il souligné, précisant qu’il n’y aurait «aucune rencontre» avec cette délégation américaine.