Une nouvelle réunion entre les équipes ukrainienne et américaine sur une trêve entre Kyiv et Moscou a eu lieu à Riyad, a annoncé la délégation ukrainienne mardi 25 mars. «Nous travaillons toujours avec les Américains», a indiqué cette source à un petit groupe de médias, après de longs pourparlers américano-russes, la veille, dans la capitale saoudienne.
Un ballet diplomatique en Arabie saoudite a débuté le 23 mars entre les Etats-Unis et l’Ukraine et s’est poursuivi le lendemain, pendant douze heures, dans un hôtel de luxe de la capitale, Ryad, entre les Etats-Unis et la Russie. La navette américaine entre les belligérants n’a toutefois pas donné lieu à une trêve, même partielle, ou même un consensus sur un moratoire sur certaines frappes aériennes. Le président américain Donald Trump, à force de pression, avait réussi à obtenir l’accord théorique de Kyiv pour un cessez-le-feu inconditionnel. Mais Vladimir Poutine, tout en prenant soin de ne pas rabrouer son homologue américain, a listé de nombreuses exigences et dit vouloir limiter une trêve aux seules frappes sur les infrastructures énergétiques.
La Russie, accusée de vouloir gagner du temps
La Russie est accusée par Kyiv de jouer la montre pour profiter de son avantage sur le front. Elle a appelé ce mardi 25 mars à un format de discussions plus large, impliquant notamment l’ONU et d’autres pays, juste avant de quitter l’Arabie saoudite, selon l’agence d’Etat Ria Novosti. Alors que la Maison Blanche et le Kremlin avaient annoncé la publication, ce mardi, d’un communiqué commun pour résumer ces négociations, Moscou est revenu sur ses dires quelques heures plus tard, refusant toute communication sur ses pourparlers avec les Etats-Unis.
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«C’était un dialogue intense, pas facile, mais très utile pour nous et pour les Américains», a commenté l’un des négociateurs russes, le sénateur Grigori Karassine, à l’agence officielle russe TASS. En présence de Sergueï Besseda, un cadre du FSB, les discussions ont aussi permis d’aborder «beaucoup de problèmes», a-t-il ajouté. «Nous sommes loin d’avoir tout réglé, de nous être mis d’accord sur tous les points, mais il me semble qu’une telle conversation est très opportune», a résumé le responsable russe, qui assure par ailleurs : «Nous allons continuer, en entraînant la communauté internationale, avant tout l’Organisation des Nations unies et certains pays».
En quête d’un cessez-le-feu encore lointain
Aucune annonce d’une trêve même limitée, qui était bien sur la table de négociations à Ryad, n’a par conséquent été faite. Lors d’une précédente rencontre dans la ville saoudienne de Jeddah, l’Ukraine avait accepté une proposition américaine de cessez-le-feu de 30 jours, rejetée par la Russie.
Les discussions portent désormais notamment sur un possible cessez-le-feu en mer Noire, afin de conclure à un retour à l’accord céréalier qui avait permis à l’Ukraine, de juillet 2022 à juillet 2023, d’exporter ses céréales, vitales pour l’alimentation mondiale, malgré la présence de la flotte russe dans la zone. La Russie s’en est ensuite retirée, accusant les Occidentaux de ne pas respecter leurs engagements censés assouplir les sanctions sur les exportations russes. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait confirmé le jour des pourparlers que cet accord céréalier était «à l’agenda».
Pour y parvenir, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a exigé des «garanties claires». «Ces garanties peuvent être uniquement le résultat d’un ordre de Washington à Zelensky», a déclaré le chef de la diplomatie cité par des médias russes, ajoutant que Moscou réclamait aussi de ne plus être «écartée» du marché mondial des engrais et des céréales.
L’Ukraine a mis en place dès 2023 un couloir maritime qu’elle contrôle pour exporter, mais son port d’Odessa et des navires sont régulièrement frappés par les Russes. De son côté, Vladimir Poutine, dont l’armée avance sur le terrain malgré de lourdes pertes, ne semble pas pressé de conclure un accord, tant que ses soldats n’auront pas expulsé les troupes ukrainiennes de la région russe frontalière de Koursk.
Mise à jour à 13h21 avec les déclarations de Sergueï Lavrov