A 9 heures mardi, le soleil brille sur l’avenue John-Brown de Port-au-Prince. Des bus et quelques voitures privées circulent à belle allure. Calme apparent. La veille, dans la soirée, le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, a tiré sa révérence sous la pression des chefs d’Etat membres de la Communauté caribéenne (Caricom). Depuis le 29 février, des groupes armés criminels ont pris pour cible des institutions étatiques, exigeant sa démission. «Le gouvernement que je dirige ne peut rester insensible à cette situation. Comme je l’ai toujours dit, aucun sacrifice n’est trop grand pour notre patrie, Haïti», a-t-il déclaré, emphatique, depuis Porto Rico. Le désormais ex-chef du gouvernement, en déplacement à l’étranger quand la crise a éclaté, n’a pas pu rentrer au pays.
Lisena, 43 ans, commerçante, est assise à côté de son tréteau plein de provisions alimentaires. Le Premier ministre qui jette l’éponge ? Elle le vit comme une délivrance. «J’attendais sa démission parce qu’à cause de lui, mes enfants ont pris du retard à l’école. Ils ne peuvent pas passer un mois à suivre des cours en classe sans interruption. Ariel Henry a détruit le pays, assène cette mère de six enfants. Ariel aurait dû partir depuis longtemps.» Les événements violents de ces derniers jours ont fait grimper les prix. «Rien ne fonctionne, les banques sont fermées, je n’arrive pas à écouler mes marchandises car les gens n’ont pas d’argent pour les acheter», explique Lisena. Elle habit