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Interview

Haïti : «Composer avec les gangs est impossible, ils ont causé un tort considérable et doivent en payer les conséquences»

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Le sociologue Wilsot Louis considère la démission du Premier ministre Ariel Henry comme une avancée politique, mais doute de l’efficacité d’une mission de paix internationale et prône des initiatives venues de la société civile.
Des manifestants haïtiens manifestaient contre le Premier ministre Ariel Henry à Porto Rico le 8 mars, deux jours avant la démission de dernier. (Ricardo Arduengo/Reuters)
publié le 13 mars 2024 à 6h21

Spécialiste du monde du travail dans le Sud global, Wilsot Louis enseigne à l’université Paris-Cité et à l’université Versailles-Saint-Quentin et prépare une thèse de doctorat sur le thème «Zones franches en Haïti : entre industrialisation, travail et construction de sens». Il analyse la situation du pays au lendemain de l’annonce du départ du Premier ministre haïtien Ariel Henry, préalable à une transition vers l’élection du successeur de Jovenel Moïse, président assassiné en juillet 2021.

La récente offensive des gangs armés a-t-elle été décisive dans l’annonce de la démission d’Ariel Henry ?

Ce n’est pas mon analyse. En Haïti, c’est la communauté internationale qui nomme, révoque et remplace nos dirigeants. Le rapport de force n’est pas en faveur de la population ou de la société civile. L’emprise des gangs n’est pas nouvelle, ils font partie de longue date du paysage et sont montés en puissance à partir de 2020, sous la gouvernance de Jovenel Moïse. Ce qui se passe depuis quelques jours n’est pas différent de ce que vit la population depuis de longs mois, ce n’est pas d’aujourd’hui que les gangs massacrent, qu’ils violent, qu’ils chassent les populations. Ce n’est pas la pression des groupes armés qui a forcé la démission du Premier ministre.

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