L’ancien «roi» du cinéma risque de finir ses jours derrière les barreaux. L’ex-producteur déchu d’Hollywood Harvey Weinstein a été condamné à 16 ans de prison supplémentaire par un tribunal de Los Angeles ce jeudi, après une deuxième condamnation pour viol et agressions sexuelles à l’encontre d’une mannequin européenne. Les faits remontent à 2013, dans un hôtel de Beverly Hills.

Cette nouvelle peine vient se cumuler avec celle de 23 ans d’emprisonnement décidée après sa condamnation à New York en 2020 pour des faits similaires et dont il a également fait appel. Le dossier Weinstein avait éclaté en octobre 2017, par le biais d’enquêtes d’ampleur publiées dans le New York Times et le New Yorker. Des femmes témoignaient de cas répétés de violences sexuelles que leur avaient fait subir le producteur. Les faits s’étalaient sur une période de trente ans. La chute de l’ex-magnat d’Hollywood a créé l’étincelle permettant à des millions de femmes aux quatre coins du monde de témoigner sous le hashtag #MeToo des violences sexuelles subies.

Ce deuxième procès a vu quatre femmes témoigner de manière anonyme contre lui. Pendant plusieurs semaines d’une audience âpre et éprouvante, elles ont accusé Harvey Weinstein de les avoir contraintes à des relations sexuelles dans des hôtels de Beverly Hills et de Los Angeles entre 2004 et 2013.

L’accusation a dépeint l’ex-producteur comme un ogre tout-puissant, un «prédateur» dont la mainmise sur Hollywood - les films qu’il a produits ont reçu plus de 330 nominations aux Oscars et 81 statuettes - a longtemps empêché ses victimes de témoigner, par peur de répercussions sur leur carrière. Les avocats de l’accusé se sont, eux, employés à jeter le doute sur la parole des quatre plaignantes, en soulignant notamment l’absence d’éléments médico-légaux pour étayer leurs récits.

Aux Etats-Unis, avant le prononcé de la peine, le tribunal tranche d’abord sur la culpabilité de l’accusé. Ainsi, le procès de décembre 2022 s’est soldé par un verdict partagé. Les jurés ont déclaré Harvey Weinstein coupable de toutes les accusations portées par la mannequin européenne. Ils l’ont en revanche déclaré non-coupable concernant celles d’une deuxième femme, et n’ont pas formulé de verdict concernant les allégations portées par les deux autres.

Après cette condamnation de l’ex-producteur au pénal, la mannequin reconnue comme victime a déposé plainte début février devant un tribunal de Los Angeles, afin d’obtenir des dommages et intérêts au civil. Cette plainte ne spécifie pas le montant réclamé, mais insiste sur la «souffrance physique et mentale» provoquée par le viol et les agressions sexuelles subies. En 2021, un accord au civil avait attribué 17 millions de dollars à plusieurs dizaines de femmes accusant l’ancien producteur, mais cette femme n’en faisait pas partie.

Depuis la publication de ces enquêtes et la déflagration #MeToo, près de 90 femmes, dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette, ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires, qui remontent pour certaines jusqu’à 1977. Outre ses déboires judiciaires aux Etats-Unis, l’ex-producteur est également inculpé au Royaume-Uni pour des agressions sexuelles qui remonteraient à 1996.