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#MeToo

Harvey Weinstein rejugé mardi pour agression sexuelle et viol après l’annulation de sa première condamnation

Violences sexuellesdossier
L’ancien producteur hollywoodien aura droit à un nouveau procès, à partir de ce mardi 15 avril, à New York. Il reste détenu en raison d’une seconde affaire jugée en 2023.
Harvey Weinstein à la cour criminelle de New York, le 9 avril. (Eduardo Munoz Alvarez/ REUTERS)
publié le 14 avril 2025 à 12h01

Tout reprendre depuis le début. Un nouveau procès va s’ouvrir, à partir de ce mardi 15 avril devant la cour pénale de Manhattan, à New York, à l’encontre du producteur vedette déchu Harvey Weinstein. L’ancien patron de Miramax, qui a régné des années durant sur le cinéma indépendant, comparaîtra une seconde fois pour l’agression sexuelle d’une ex-assistante de production, Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l’aspirante actrice Jessica Mann, en 2013 – faits pour lesquels il avait été reconnu coupable, en 2020, par le jury new-yorkais.

Mais ce procès et la peine de vingt-trois ans de prison requise à son encontre avaient été annulés en avril 2024. Dans une décision très débattue (quatre voix pour, trois contre), la cour d’appel de New York avait jugé que des témoignages de victimes sur des agressions sexuelles pour lesquelles Harvey Weinstein n’était pas inculpé n’auraient pas dû être entendus par les jurés au procès. Cette annulation a été vécue comme une gifle pour le mouvement de lutte contre les violences sexuelles et sexistes et la prise en compte de la parole des victimes par la justice.

Nouvelle inculpation

C’était la première fois que le producteur roi de Hollywood était condamné après les enquêtes d’ampleur du New York Times et du New Yorker à l’origine de sa chute, entraînant une libération de la parole à son encontre, en 2017, et le début de la vague mondiale #MeToo. Depuis, Harvey Weinstein a été accusé par plus de 80 femmes de harcèlement, agression sexuelle ou viol, dont les actrices Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Ashley Judd.

Lors de ce nouveau procès, les deux victimes présumées devraient témoigner à nouveau au tribunal. Une nouvelle inculpation pour une agression sexuelle présumée en 2006 dans un hôtel de Manhattan a été ajoutée au dossier – la personne concernée devant elle aussi être entendue par la cour. D’après le juge new-yorkais Curtis Farber, le procès est prévu pour durer jusqu’à six semaines, et commence ce mardi avec la sélection du jury, qui pourrait s’étaler sur cinq jours.

Harvey Weinstein, 73 ans, espère que l’affaire sera «regardée avec un œil neuf». Toujours détenu – il a aussi été condamné à seize ans de prison en 2023 en Californie pour viol et agressions sexuelles en 2013 sur une actrice européenne –, le producteur d’innombrables succès du cinéma (Pulp Fiction, Shakespeare in Love, Sexe mensonges et vidéo…) est apparu aux dernières audiences diminué par la maladie, chauve, pâle et poussé sur une chaise roulante.

Leucémie

«Ce sera très différent», veut croire son avocat Arthur Aidala, promettant un procès «sur les faits et pas sur #MeToo» : «Il y a cinq ans, il y avait des manifestations, des gens qui scandaient “c’est un violeur”, […] les gens étaient tellement contre lui. Je pense que tout cela est retombé.» Atteint d’une leucémie, Harvey Weinstein, a même «supplié» fin janvier la justice américaine de le sortir «de son trou», la prison de Rikers Island, à New York, en raison de son état de santé.

Décrit par ses accusatrices comme un prédateur qui jouait de sa stature d’homme tout-puissant du cinéma pour obtenir des faveurs sexuelles d’actrices ou d’assistantes, le plus souvent dans des chambres d’hôtel, Harvey Weinstein n’a jamais reconnu d’agression et toujours assuré que les relations étaient consenties. «C’est vraiment une illustration des défis que les victimes doivent affronter dans leur quête de justice», souligne Laura Palumbo, du Centre national de ressources sur les violences sexuelles en réaction à ce nouveau procès.

Depuis 2017, la déflagration #MeToo s’est poursuivie dans de nombreux pays, dont la France, où le monde de la culture a été contraint à l’introspection après les accusations de l’actrice Judith Godrèche contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Rendu public mercredi, un rapport parlementaire a dressé un constat accablant de violences «systémiques» et «endémiques» dans le monde de la culture en France.