Que reste-t-il, à 79 ans, du «maire de l’Amérique», naguère statufié personnalité de l’année du magazine Time fin 2001 ? L’aura churchillienne du Rudy Giuliani arpentant Ground Zero après l’attaque du 11 Septembre, en patriarche consolateur d’une ville et d’une nation meurtries, a fini de s’effacer, éclipsée par une autre. Celle du même, dix-neuf ans plus tard, déblatérant du complotisme au kilomètre sur le parking d’une entreprise d’aménagement paysager de Pennsylvanie, entre un sex-shop et un crématorium, son visage de plus en plus maculé des coulures noires de sa teinture capillaire au fur et à mesure de ses grimaces. Une conférence de presse du 7 novembre 2020 rentrée dans l’histoire américaine comme le symbole de la déliquescence terminale de la (première ?) présidence de Donald Trump, dont Giuliani était alors devenu l’avocat personnel, sbire et chien de garde le plus enragé, pathétique et résolu à ne pas laisser l’élection 2020 lui échapper, malgré un verdict des urnes favorable à Joe Biden.
C’est cette entreprise toxique, carburant à toutes sortes de boniments et délires conspirationnistes, qui vient d’être sanctionnée par la condamnation de Giuliani à une spectaculaire amende de 148 millions de dollars (136 millions d’euros), pour avoir diffamé et enclenché une infernale campagne haineuse contre deux femmes noires, simp