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Libération
Conflit historique

«Il est temps que les travailleurs de General Motors obtiennent leur juste part» : aux Etats-Unis, la grève se durcit

Ce mardi, le puissant syndicat automobile américain United Automobile Workers a annoncé une extension de la grève dans une nouvelle usine. Une nouvelle étape dans le conflit opposant les trois constructeurs historiques à leurs employés depuis mi-septembre.
Shawn Fain, président de l'United Automobile Workers (UAW) avec le révérend Jesse Jackson, après un rassemblement en faveur des grévistes de la section locale 551 du syndicat des salariés de l'automobile, à Chicago le 7 octobre 2023, (John J. Kim/AP)
publié le 24 octobre 2023 à 19h04

Le piquet de grève tient et se renforce. Ce mardi, le puissant syndicat automobile américain United Automobile Workers (UAW) a annoncé une extension de la grève frappant le «Big Three» des constructeurs automobiles états-uniens depuis mi-septembre : General Motors, Stellantis et Ford. Les 5 000 ouvriers syndiqués travaillant à l’usine General Motors d’Arlington, au Texas, se sont joints au mouvement de grève après la présentation aux actionnaires des résultats de l’entreprise pour le troisième trimestre.

Les derniers résultats financiers de Général Motors ont dépassé les attentes du constructeur, qui a réalisé un bénéfice net de 3.06 milliards de dollars (-7,3 %) et un chiffre d’affaires de 44,13 milliards de dollars (+5,4 %) au troisième trimestre 2023. «Un autre trimestre record, une autre année record. Comme nous le disons depuis des mois : profits records entraînent contrats records», a commenté Shaw Fain, président de l’UAW qui a enjoint les ouvriers texans de l’usine «la plus importante et lucrative du groupe» à débrayer. L’UAW souhaite accroître la pression sur l’entreprise. «Il est temps que les travailleurs de General Motors, et l’ensemble de la classe ouvrière, obtiennent leur juste part», a-t-il déclaré dans un communiqué.

La décision de l’UAW de fermer l’une des usines les plus rentables de General Motors va peser dans l’important portefeuille du constructeur. Si son directeur financier, Paul Jacobson, déplorait déjà le coût hebdomadaire des grèves syndicales évalué à 200 millions de dollars, celui-ci va augmenter. L’entreprise rapidement réagi, se disant «déçu par l’escalade de cette grève inutile et irresponsable» qui «porte atteinte à nos employés […] et qui a un effet négatif sur nos concessionnaires, nos fournisseurs.» General Motors a de nouveau défendu sa dernière offre présentée au syndicat la semaine dernière qui «a accru d’environ 25 % des offres déjà substantielles et historiques». Insuffisant pour l’UAW.

Une grève historique

Avec 5 000 nouveaux grévistes supplémentaires le nombre total d’employés de Ford, Stellantis et General Motors sur le piquet s’élèvent désormais à plus de 45 000, sur les 146 000 syndiqués. Avant l’usine texane d’Arlington, c’est une usine de Stellantis (Chrysler, Jeep, Ram, Dodge, Peugeot, etc.) du Michigan, également qualifiée de «plus grande et plus lucrative» de son groupe qui a été touchée par la grève ce 23 octobre. 6 800 employés sont en grève depuis ce lundi. Les salariés de la plus grande usine de Ford, la Kentucky Truck Plant, générant 25 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an, sont eux aussi en débrayage depuis le 11 octobre. Huit usines d’assemblage et 38 centres de distribution de pièces détachées sont désormais touchés dans vingt-deux Etats. C’est la première fois que les «Big Three», les trois constructeurs historiques américains, sont ciblés en même temps.

Ce conflit social n’a pas échappé aux deux pré-candidat à la présidentielle : le 27 septembre Joe Biden premier président en exercice venu manifester son soutien en personne à un piquet de grève dans le Michigan. Le lendemain Donald Trump tentait lui aussi de s’attirer le vote ouvrier dans le même Etat, sans parvenir à tout à fait cacher son dégoût pour les syndiqués, leur lâchant : «Je ne pense pas que vous fassiez grève pour la bonne raison.»

Shawn Fain se réjouissait pourtant ce vendredi d’un «mouvement sérieux» dans les négociations avec Stellantis et General Motors pour parvenir à de nouvelles conventions collectives. «Pendant ce temps, Ford […] continue d’affirmer qu’ils ne peuvent pas se permettre de nous accorder ce que nous demandons», avait-il poursuivi. Mauvaise surprise en ce début de semaine pour le syndicat. Les dernières offres de Stellantis, comme celles de son cousin General Motors, restent insignifiantes face aux profits des constructeurs.