Le propre d’un bon acteur, c’est de savoir saisir son auditoire. Robert De Niro, emblème du cinéma américain, le sait mieux que quiconque. En pleine rue, à New York, il a fustigé Donald Trump tout près du tribunal de Manhattan où se déroulait mardi 28 mai la plaidoirie de la défense et le réquisitoire de l’accusation dans ce qui constitue le premier procès pénal d’un président américain.
Pour l’acteur, aidé par l’équipe de campagne du président démocrate Joe Biden pour cette déclaration grandiloquente, Donald Trump est un «clown» qui pourrait devenir un «bourreau». «Nous avons oublié les leçons de l’histoire, qui nous montrent que d’autres clowns n’ont pas été pris au sérieux, jusqu’à ce qu’ils deviennent de féroces dictateurs», a dénoncé l’homme de 80 ans, connu pour son opposition au milliardaire. Très engagé en faveur du président sortant – il doit d’ailleurs apparaître prochainement dans une publicité pour la campagne de Joe Biden –, l’acteur n’est pas passé par quatre chemins pour éveiller les consciences des New-Yorkais : «Donald Trump ne veut pas seulement détruire cette ville, mais aussi le pays et, en fin de compte, il pourrait détruire le monde.»
Alertes apocalyptiques des démocrates
A quelques pas de là, après six semaines de débats, l’ex-président Donald Trump assistait donc au dernier jour des plaidoiries dans son procès pénal, avant que les douze jurés ne se retirent pour établir leur verdict, qui pourrait intervenir dans les prochains jours. L’ancien chef de l’Etat est visé par 34 chefs d’inculpations, notamment pour avoir falsifié les comptes de sa campagne de 2016 afin de cacher un paiement de 130 000 dollars (120 000 euros) à Stormy Daniels, actrice de films X, pour acheter son silence au sujet d’une ancienne liaison, à quelques mois du scrutin. Donald Trump n’a cessé de nier l’accusation, dénonce une «chasse aux sorcières», tandis que son avocat, Todd Blanche, a appelé à son acquittement «vite fait, bien fait».
Mal engagé dans sa campagne, le président Joe Biden entend profiter au maximum de ce procès pour décrédibiliser le milliardaire. D’où la mobilisation de Robert de Niro, ce mardi. «Nous avons une occasion unique de l’arrêter en votant contre lui, une fois pour toutes, a déclamé l’acteur. La seule manière de préserver nos libertés et de maintenir notre humanité est de voter pour Joe Biden.» Face aux soutiens du milliardaire et aux caméras venus couvrir le procès, l’acteur des Affranchis ou de Taxi Driver était par ailleurs entouré de deux ex-policiers, blessés lors de l’assaut sur le Capitole le 6 janvier 2021 par des militants trumpistes, et désormais membres de la campagne du président démocrate. Selon l’un d’eux, Harry Dunn, Donald Trump «continue de soutenir la violence politique, en allant jusqu’à dire qu’il y aura un “massacre” s’il perdait à nouveau l’élection et qu’il sera un “dictateur” dès le premier jour de son mandat». Jusqu’ici, l’électorat trumpiste est resté imperméable aux alertes apocalyptiques des démocrates. Et chaque nouvelle étape du procès contre le milliardaire, plutôt que de convaincre ses partisans de sa possible culpabilité, enfonce encore un peu le clou de son incompressible popularité.