«La dernière fois, deux hommes sont montés dans le bus dans lequel j’étais. Ils ont discrètement pointé un pistolet sur mon ventre et m’ont dit : “Paie ou la prochaine fois on te tue.”» Catalina (1) vit à Carabayllo, une petite commune pauvre de la banlieue nord de Lima. Depuis des mois, cette commerçante et mère de trois enfants est régulièrement menacée : «Ça a commencé par une lettre devant la porte de ma boutique. Puis un individu m’a appelée. Il m’a dit qu’il m’avait suivie, il m’a donné le nom de mes filles, dans quelle université et dans quel collège elles allaient. Il m’a donné des détails très précis. Et il me proposait de me protéger, car selon lui, ma tête avait été mise à prix pour 50 000 soles. Mais lui réclamait seulement 30 000 soles pour me protéger.» Soit l‘équivalent de 7 200 euros alors que Catalina gagne 190 euros par mois en moyenne avec son commerce.
Si elle a refusé de payer, elle a dû se résoudre à changer ses filles d’école pour leur sécurité, équiper sa boutique d’une caméra et changer entièrement ses horaires. Elle a aussi porté plainte, mais elle assure que la police ne la protège pas, au contraire : «Je suis allée au commissariat, ils m’ont donné le numéro de l’unité pour qu’ils viennent directement en cas de menace, ils ne sont jamais venus, raconte-t-elle désespérée. Un jour, un policier m’a même dit : “Si tu veux être tranquille, paie-nous 20 soles par jour.”» Le sentiment d’insécurité ne