Un mois après la prise de pouvoir de Donald Trump, c’est une nouvelle fois le portrait d’une Amérique coupée en deux qui est dépeint dans un sondage de l’institut Ipsos commandé par le Washington Post et rendu public ce jeudi 20 février. Entre ceux qui approuvent aveuglément la politique du nouveau président républicain et ceux qui s’y opposent fermement. Mais ces derniers semblent un peu plus nombreux, d’après les résultats de cette étude menée auprès de 2 600 adultes américains : dans l’ensemble, 48 % des Américains ont un avis négatif sur la série de mesures prises par Donald Trump lors du premier mois de son second mandat, quand 43 % soutiennent ces décrets brutaux. Libération vous résume les principaux enseignements de ce sondage.

Globalement, ce sondage révèle avant tout que 53 % des adultes américains désapprouvent la façon dont Donald Trump mène son rôle de président du pays. Sa cote de popularité ne s’élève qu’à 45 %. Sur deux aspects de la personnalité du chef de l’Etat républicain, la plupart des Américains estiment que Donald Trump n’est pas «honnête et digne de confiance» (à 62 %). Ils sont plus divisés sur la question de savoir s’il «a la vivacité d’esprit nécessaire pour exercer efficacement ses fonctions de président» : 47 % répondent qu’il l’a, et 50 % qu’il ne l’a pas.

Une absence de «vivacité d’esprit» qui a peut-être conduit Trump à critiquer mardi son homologue Volodymyr Zelensky, qui aurait, selon lui, «4 % d’opinions favorables». Loupé, la cote de confiance du président ukrainien atteint les 57 % selon un sondage publié mercredi en Ukraine.

Il s’agit du domaine dans lequel Donald Trump est le plus populaire : 50 % des sondés approuvent la manière dont le président américain gère la question de l’immigration, quand 48 % la désapprouvent. En ce qui concerne, en particulier, l’idée d’expulser les quelque 11 millions d’immigrés sans papiers, 51 % y sont favorables, et surtout les républicains. 75 % d’entre eux soutiennent cette politique, contre seulement 25 % des démocrates.

L’expulsion des personnes accusées d’avoir commis des crimes violents bénéficie d’un soutien massif. En revanche, les Américains voient d’un mauvais œil l’initiative d’expulser les immigrants qui n’ont pas enfreint de loi, qui vivent dans le pays depuis plus de dix ans, ou encore qui sont arrivés en étant enfants.

La majorité des Américains ne sont pas d’accord avec la destruction des agences et du gouvernement fédéral opérée par le Doge d’Elon Musk, 54 % plus exactement. Mais c’est surtout la figure du bras droit de Trump qui tiraille particulièrement les sondés : 85 % des démocrates, 52 % des indépendants et 15 % des républicains désapprouvent son travail. En tout, seuls 34 %, tout bord politique confondu, approuvent la politique du milliardaire patron de Tesla, X ou encore Space X. Et l’immense majorité des Américains interrogés se dit opposée aux licenciements massifs des fonctionnaires fédéraux.

Quand on leur demande quelle est la pire chose que Donald Trump ait faite, une femme blanche indépendante du Texas déclare : «Embaucher Elon Musk pour vider le gouvernement de sa substance. Elon Musk est peut-être un homme brillant, mais il n’est pas doué pour travailler avec les gens et, franchement, il ne sait pas ce qu’il fait.» Un homme noir démocrate californien abonde : pour lui, le pire c’est d’avoir permis «à Elon Musk d’accéder aux institutions gouvernementales sans surveillance et sans conflits d’intérêts.»

L’une des initiatives économiques emblématiques de Donald Trump peine à convaincre. Plus de 60 % des Américains interrogés s’opposent aux droits de douane sur les produits canadiens et mexicains. Ces menaces sur les produits importés ont été suspendues, pour le moment, à l’encontre de ses voisins américains. En revanche, les sondés soutiennent de justesse (50 % contre 45 %) les droits de douane imposés à la Chine.

Mais de manière générale, ils ne peuvent s’empêcher de penser aux conséquences négatives de ces mesures économiques : environ 70 % affirment que ces droits de douane vont entraîner une augmentation des prix aux Etats-Unis.

C’est la mesure la moins populaire du président. Plus de 80 % des sondés se disent défavorables à la décision de Donald Trump de gracier toutes les personnes reconnues coupables de crimes à la suite de l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole, à Washington D.C. Même pour les personnes condamnées pour des crimes non violents, 55 % s’opposent à leur grâce présidentielle.

Si l’on peut s’attendre à ce que les démocrates aient un avis très négatif sur la question (plus de 90 %), cela est plus surprenant côté républicain : plus de 60 % désapprouvent le pardon accordé aux insurgés.

Dès les premiers jours de son nouveau mandat, Donald Trump a signé plusieurs décrets s’en prenant directement aux personnes transgenres, en particulier les femmes. Interdiction de participer aux compétitions féminines, de faire partie de l’armée américaine… Les attaques sont nombreuses et pas vraiment soutenues. Le sondage révèle qu’une majorité des Américains, 53 %, s’oppose à l’interdiction du service militaire aux personnes transgenres.

Plus globalement, l’ordre du président américain de mettre fin à tous les programmes de diversité, d’équité et d’inclusion au sein du gouvernement fédéral est désapprouvé par 49 % des Américains sondés, et soutenu par 46 % d’entre eux. Sans surprise, les républicains défendent largement la position de Trump (environ 80 %), tandis que les démocrates s’y opposent massivement (plus de 80 %).