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Analyse

Utilisation d’une loi de 1798 contre les immigrants : l’administration Trump piétine la résistance des juges

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L’expulsion de centaines d’immigrants au Salvador sur la foi du Alien Ennemies Act provoque un bras de fer inédit entre la justice américaine et le pouvoir. Qui, pour satisfaire sa base électorale, n’hésite plus à humilier les juges.
Des membres présumés du gang Tren de Aragua sont escortés par des policiers salvadoriens à Tecoluca, au Salvador, le 16 mars 2025. (Secretaria de Prensa de la Presidencia/Reuters)
par Philippe Coste, correspondance à New York
publié le 18 mars 2025 à 12h25

Pieds et mains enchaînés, courbés et têtes baissées comme des pénitents terrifiés, ils dévalent la passerelle de l’avion, traînés par des soldats surarmés avant d’être conduits entre des haies de policiers casqués vers des autocars grillagés impeccablement alignés au bord des pistes de l’aéroport du Salvador. La procession des détenus, filmée par trois caméras, et du ciel par des drones qui magnifient un peu plus l’effarant déploiement martial, n’est pas la première mégaproduction judiciaire qu’ait exportée le Salvador. Le pays de 6 millions d’habitants, le plus petit d’Amérique latine, se targue d’avoir vaincu ses terribles gangs en emprisonnant 80 000 de ses citoyens depuis cinq ans, une population carcérale quasiment égale à celle de la France, pourtant dix fois plus peuplée.

Si le show a un goût de déjà-vu, avec le rasage des crânes, l’exhibition sur YouTube des tatouages des prisonniers prosternés en sous-vêtements blancs sur le carrelage du Centre de confinement antiterroriste, l’immense prison neuve perchée sur le plateau central du pays, l’événement es