La maison n’est pas particulièrement cachée. Elle donne sur la rue, face à un petit parc encore couvert de neige. La demeure est imposante : 1 200 m², toute en brique, une immense fenêtre surplombe la porte d’entrée. Il faut dire que le quartier est cossu. Parmi ses voisins, les ambassades du Laos et de Birmanie et, un peu plus loin, le pied-à-terre de Jeff Bezos, l’un des hommes les plus riches au monde. Devant la maison, aucune voiture. Pas un signe ne laisse paraître qu’elle a été vendue pour quelque 14,5 millions de dollars (environ 13,8 millions d’euros) récemment. C’est l’une des nombreuses ventes de maisons de luxe à Washington depuis l’élection de Donald Trump. Car le républicain a formé autour de lui le gouvernement le plus riche de l’histoire des Etats-Unis. Combinées, les fortunes de ses ministres s’élèvent à plus de 300 milliards de dollars.
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Le marché de l’immobilier de luxe – soit les propriétés vendues à plus de 5 millions de dollars – est agité par ces nouveaux arrivants. Howard Lutnick, nommé secrétaire au Commerce, s’est ainsi offert un palace de style château français pour la modique somme de 25 millions de dollars, l’une des ventes les plus chères de l’histoire de la ville. «Il y a eu sept grosses ventes à Washington, entre Georgetown et Kalorama, qui sont les zones les plus riches de la capitale», révèle Jim Bell, agent immobilier pour TTR Sotheby’s International Realty. «C’est vraiment différent par rapport à il y a quatre ans, la plupart des démocrates habitaient déjà à Washington, se rappelle l’agent. Mais même par rapport au premier mandat de Trump, ça n’a rien à voir. Voir autant de milliardaires et personnalités de la tech arriver en même temps à Washington, c’est inédit.»
«Ils cherchent en général un emplacement pas trop éloigné de la Maison Blanche, une propriété en bon état, bien aménagée», détaille Michael Rankin, agent et associé gérant pour TTR Sotheby’s International Realty, prudent dans le choix de ses mots car impliqué dans plusieurs des ventes. «Si c’est meublé, c’est encore mieux puisqu’ils cherchent une maison où emménager rapidement pour commencer leur nouvel emploi.» Mais pas que, observe Jim Bell. «Donald Trump a montré le pouvoir d’une soirée à Mar-a-Lago, où il invite des chefs d’entreprise ou des chefs d’Etat. Cela transparaît ici, la plupart des maisons achetées l’ont été parce que leur architecture est propice au divertissement et permet d’accueillir une grande soirée», juge l’agent immobilier.
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Seul bémol : la ville est petite. «L’offre est historiquement basse depuis quelques années, c’est le cas dans toutes les grandes villes américaines mais encore plus à Washington», souligne Michael Rankin. Les deux agents en sont réduits à appeler des propriétaires dans les quartiers recherchés et espérer qu’ils acceptent de vendre. D’autant que la demande ne tarit pas. «On attend encore une dizaine d’autres ventes», dévoile Jim Bell, avant d’illustrer son propos : «J’ai par exemple une propriété en vente à 11,5 millions de dollars, et cinq milliardaires connus l’ont déjà visitée.»