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Incendies à Los Angeles : les vents reprennent, les feux s’étendent et les critiques fusent

Les flammes s’étendent à de nouvelles zones de la métropole californienne ce samedi 11 janvier, déclenchant des évacuations supplémentaires. Plus de 12 000 bâtiments et 15 000 hectares sont déjà partis en fumée. Dans le même temps, les polémiques enflent sur la gestion de la catastrophe.
Une statue après le passage du Palisades fire, à Malibu, vendredi 10 janvier 2025. (Eric Thayer/AP)
publié le 11 janvier 2025 à 8h50
(mis à jour le 11 janvier 2025 à 18h36)

Des vents moins violents laissaient espérer une amélioration de la situation. Mais les nombreux incendies qui font rage à Los Angeles depuis cinq jours, causant au moins onze morts, se sont propagés ce samedi 11 janvier à des zones jusqu’à présent épargnées. Malgré la mobilisation massive des pompiers, la progression de l’incendie a déclenché des ordres d’évacuation sur le flanc est du secteur de Pacific Palisades.

Des pans entiers de la deuxième plus grande ville des Etats-Unis sont dévastés : plus de 12 000 bâtiments ont été détruits et plus de 15 000 hectares sont partis en fumée. «Cela m’a fait penser à une scène de guerre, avec des bombardements», a déclaré le président Joe Biden.

L’incendie le plus important, parmi les cinq qui sont encore actifs, a brûlé plus de 8 000 hectares sur la côte de Malibu et le quartier huppé de Pacific Palisades, où les pompiers ont affirmé vendredi commencer à contrôler les flammes.

Mais les vents qui avaient commencé à faiblir vendredi reprennent de la force ce samedi, selon les prévisions de l’Agence fédérale de réponse aux catastrophes naturelles (FEMA), repoussant encore les espoirs de maîtriser le sinistre.

Face aux pillages qui se multiplient dans les zones sinistrées ou évacuées, un strict couvre-feu, en vigueur entre 18 heures et 6 heures du matin avait été décrété vendredi par les autorités dans les secteurs de Pacific Palisades et Altadena, les plus ravagés.

A travers la mégapole californienne, au gré des ordres reçus les évacuations se chiffrent en centaines de milliers. Les ordres d’évacuations obligatoires visent y compris des quartiers chics situés le long du flanc est de l’incendie, où se trouve le célèbre Getty Center. Construit pour un milliard de dollars, en partie avec des pierres de travertin résistantes au feu, le célèbre musée compte 125 000 oeuvres d’art.

Dans l’après-midi de jeudi, un nouvel incendie s’est déclaré au nord du principal foyer de Pacific Palisades, près du richissime quartier de Hidden Hills, où vit notamment la star Kim Kardashian. Il a été largement maîtrisé depuis. La situation «est encore très dangereuse», a toutefois averti Deanne Criswell, de l’agence fédérale de réponse aux catastrophes naturelles (FEMA). Des militaires de la Garde nationale ont notamment été déployés.

Outre les tournages à Hollywood, la situation affecte aussi les rencontres sportives. Les matchs NBA que devaient disputer les Los Angeles Lakers et les Los Angeles Clippers, ce samedi 11 janvier, ont été reportés. Les Lakers devaient recevoir en Californie les San Antonio Spurs, l’équipe du Français Victor Wembanyama, après déjà le report d’une partie jeudi face aux Hornets.

«Besoin de réponses»

Devant l’ampleur des dégâts, le gouverneur de Californie Gavin Newsom a demandé vendredi «un examen indépendant complet» des services de distribution d’eau de la ville. Le responsable démocrate a décrit comme «profondément perturbant» le manque d’approvisionnement en eau et la perte de pression aux bouches d’incendie dans les premiers instants des incendies, ce qui a contribué à permettre leur expansion. «Nous avons besoin de réponses pour savoir ce qu’il s’est passé», a-t-il écrit dans une lettre ouverte.

Bien qu’il soit trop tôt pour connaître l’origine des incendies, des critiques ont émergé concernant la préparation et la réponse des autorités. La responsable des pompiers Kristin Crowley a déclaré à la chaîne KTTV, affiliée à Fox News, qu’ils manquaient «toujours de personnel, de ressources et de fonds». En outre, les Californiens sont invités par les autorités à économiser l’eau, car certains réservoirs alimentant les bouches d’incendie ont été vidés par le combat contre les flammes.

Plusieurs alertes d’évacuation ont par ailleurs été envoyées par erreur sur les téléphones des habitants jeudi et vendredi à Los Angeles. Des messages qui ont mené les autorités à s’excuser. L’Autorité fédérale de l’aviation civile (FAA) a annoncé l’ouverture d’une enquête après qu’un drone a percuté et endommagé un avion-citerne.

Fake news de Trump

Ces violents incendies pourraient être les plus coûteux jamais enregistrés : AccuWeather estime le total des dommages et des pertes à entre 135 et 150 milliards de dollars. Pour venir en aide à la population, la multinationale d’organisation de spectacles, Live Nation, a annoncé sur son site qu’un concert caritatif aura lieu le 30 janvier à Los Angeles, «avec des annonces d’artistes et d’informations sur les billets prévues dans les prochains jours.»

La société assure que «les bénéfices du concert seront reversés à une association caritative créée pour l’occasion, qui se consacrera à la reconstruction des infrastructures, à l’aide aux familles déplacées et au développement de technologies et de stratégies de prévention des incendies afin de mieux préparer Los Angeles aux situations d’urgence».

De son côté, Donald Trump a répandu de fausses informations sur son réseau Truth Social, en affirmant que la Californie manquait d’eau à cause des politiques environnementales démocrates qui détourneraient l’eau de pluie pour protéger un «poisson inutile». Le président Joe Biden a estimé que «beaucoup de démagogues» cherchaient à tirer profit de la désinformation autour de la catastrophe.

Les vents chauds et secs de Santa Ana qui soufflent actuellement sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais ils ont atteint cette fois une intensité jamais vue depuis 2011, selon les météorologues.

Un cauchemar pour les pompiers : la Californie sort de deux années très pluvieuses qui ont fait naître une végétation luxuriante, désormais asséchée par un criant manque de pluie depuis huit mois. Les scientifiques rappellent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes.

Mise à jour : à 18h36, avec l’ajout de la reprise des vents et les nouveaux chiffres des dégats.