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Libération
Etats-Unis

Inculpé pour travail forcé et abus sexuels, un ex-entraîneur américain de gymnastique se suicide

JO de Londres 2012dossier
La procureure du Michigan avait dévoilé ce jeudi 24 chefs d’accusation contre John Geddert, entraîneur de l’équipe américaine aux Jeux olympiques de 2012, dénonçant ses pratiques d’entraînement abusives envers de jeunes gymnastes.
Lors du très médiatisé procès de Larry Nassar en 2018, le nom de John Geddert était ressorti à plusieurs reprises. (Greg DeRuiter via Imagn Content /SIPA/Sipa)
publié le 26 février 2021 à 13h28

«C’est la fin tragique d’une histoire tragique.» Jeudi soir, la procureure du Michigan Dana Nessel a annoncé le suicide de l’entraîneur de gymnastique star John Geddert. Plus tôt dans la journée, elle l’avait inculpé de 24 chefs d’accusation, parmi lesquels des faits de travail forcé et traite de personnes, de délits sexuels, d’organisation criminelle. Il était aussi accusé d’avoir menti à la police dans l’affaire Larry Nassar, ce médecin de l’équipe nationale de gymnastique condamné pour abus sexuels.

A 63 ans, John Geddert était un entraîneur à succès, fondateur dans les années 1980 du Twistars, un club près de Lansing dans le Michigan qui formait les meilleures gymnastes du pays. En 2012, au summum de sa gloire, il avait conduit à Londres l’équipe féminine de gymnastique artistique américaine au titre olympique. Mais sa réputation s’est ternie quelques années plus tard, dans le sillage des nombreuses accusations d’agressions sexuelles à l’encontre de Larry Nassar, qui a travaillé pendant près de deux décennies au Twistars club. Parmi les plus de 150 accusatrices se trouvaient plusieurs grands noms de la gymnastique américaine, dont Simone Biles, 19 fois médaillée d’or aux championnats du monde et quadruple championne olympique.

Des méthodes d’entraînement inhumaines

Lors du très médiatisé procès de Larry Nassar début 2018, le nom de John Geddert était ressorti à plusieurs reprises, des gymnastes dénonçant ses méthodes inhumaines d’entraînement, et assurant qu’il était au courant des agissements du médecin. Certaines affirmaient même qu’il les poussait dans les griffes du prédateur sexuel. Son style de coaching était décrit comme «abusif, violent, basé sur la peur et l’intimidation», causant blessures, troubles du comportement et dépressions aux gymnastes, les poussant parfois même jusqu’à tenter de se suicider. Dans la foulée du procès – dans lequel Nassar a été condamné à des peines cumulées dépassant les 140 années de prison –, une enquête criminelle avait été ouverte contre l’entraîneur star. Même s’il martelait n’avoir jamais entendu parler des comportements de Nassar, Geddert avait quand même fini par démissionner.

Après trois ans d’enquête et près de 6 000 documents analysés, la procureure du Michigan présentait donc ce jeudi face à la presse ses conclusions, auxquelles John Geddert allait être confronté. Dans son rapport, Dana Nessel décrivait un climat général de terreur mis en place par l’entraîneur. Il avait recours à «des menaces et intimidations», et pour habitude de forcer des athlètes – pour la plupart mineures –, à s’entraîner et concourir malgré des blessures. Deux accusations d’agressions sexuelles avaient aussi été retenues. «Nous espérons par le biais de ces poursuites que justice sera rendue pour ces victimes», avait lancé Dana Nessel face aux journalistes, rappelant que «beaucoup portent encore les stigmates» de leurs années passées aux côtés de Geddert. Avec le suicide de l’entraîneur s’envolent tous espoirs de le voir comparaître face aux autorités américaines, et de justice pour ses victimes.