L’ancien directeur du FBI James Comey, l’une des bêtes noires de Donald Trump pour l’avoir défié dans les premières semaines de son premier mandat, s’est présenté ce mercredi 8 octobre vers 10 heures devant un tribunal fédéral à Alexandria, dans la banlieue de Washington, où il a plaidé non coupable. Dans cette affaire perçue comme une nouvelle étape dans la campagne judiciaire de plus en plus agressive menée par le président américain contre ses adversaires politiques, le procès a été fixé au 5 janvier.
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Accusé d’entrave à une commission d’enquête parlementaire et de fausses déclarations au Congrès, James Comey avait été inculpé en septembre sous la pression de Donald Trump. Officiellement, les deux inculpations, passibles selon le ministère de la Justice de cinq ans d’emprisonnement, sont liées au témoignage de Comey devant la Commission judiciaire du Sénat américain, le 30 septembre 2020. Ce jour-là, il était interrogé sur l’enquête du FBI sur les liens supposés entre la Russie et la première campagne du magnat de l’immobilier, en 2016. Une enquête qu’il dirigeait jusqu’à son limogeage brutal par Trump, en mai 2017.
«Procès spectacle»
Ce mercredi, quelques manifestants se tenaient devant le tribunal, brandissant des pancartes où l’on pouvait lire «répression de l’opposition», «accusations fabriquées» ou encore «procès spectacle». L’ancien chef de la police fédérale avait été brutalement limogé par Donald Trump en 2017, lors du premier mandat du républicain, alors que le FBI enquêtait sur d’éventuelles ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016. Il est depuis l’une des cibles de la vindicte du Président.
En septembre, Donald Trump avait publiquement fait pression sur sa ministre de la Justice, Pam Bondi, s’étonnant sur sa plateforme Truth Social que James Comey n’ait toujours pas été inculpé. Il avait ensuite poussé à la démission le procureur du district est de Virginie, lui reprochant implicitement son manque de zèle sur ce dossier, et l’avait rapidement remplacé à ce poste stratégique par Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison Blanche. Cette dernière a engagé les poursuites qui ont conduit à l’inculpation le 25 septembre de James Comey, 64 ans.
Il lui est spécifiquement reproché d’avoir nié, en réponse à une question d’un sénateur, avoir autorisé son adjoint à être cité sous couvert d’anonymat dans les médias sur des enquêtes sensibles conduites par le FBI. «JUSTICE EN AMERIQUE !» s’était félicité sur Truth Social Donald Trump après l’annonce de l’inculpation de James Comey, décrit comme «l’un des pires êtres humains que ce pays ait connus».
«Je n’ai pas peur»
Le milliardaire républicain n’avait pas caché pendant la dernière campagne présidentielle ses envies de vengeance contre ses adversaires. Depuis son retour au pouvoir en janvier, les autorités américaines ont ouvert plusieurs enquêtes contre des personnalités considérées comme hostiles. Au lendemain de l’inculpation de James Comey, le président avait lancé un nouvel appel du pied au ministère de la Justice pour qu’il poursuive ceux qu’il perçoit comme ses ennemis, estimant qu’il «y en aurait d’autres».
Dans son viseur figurent notamment l’ancien directeur de la CIA John Brennan, qui avait notamment dénoncé une «collusion» entre l’entourage du président et la Russie, et la procureure générale de l’Etat de New York, Letitia James, qui l’avait fait condamner à une amende de près d’un demi-milliard de dollars avant son retour à la Maison Blanche dans une affaire de fraude.
«Je n’ai pas peur», avait réagi James Comey après son inculpation. «Ma famille et moi savons depuis des années ce qu’il en coûte de s’opposer à Donald Trump», avait-il assuré, appelant à ne pas vivre «à genoux» face au Président. Et de conclure : «J’ai confiance dans la justice fédérale et je suis innocent.»
Mis à jour à 17 h 14 avec davantage de contexte.