«Un trop grand pas» entre ses préconisations pour lutter contre les abus dans l’Eglise de Montréal et leur application, déplore Pepita Capriolo dans sa lettre de démission du comité de transition qu’elle coprésidait. L’ancienne juge à la Cour supérieure du Québec revient sur son travail en amont et les raisons de son départ, deux ans après son rapport pionnier.
Pourquoi démissionnez-vous du comité de transition de l’archidiocèse de Montréal ?
Il n’y avait plus de confiance. Il y a d’abord eu des progrès, mais il y a maintenant des freins. Je ne peux pas cautionner l’inacceptable et je ne veux pas que mon nom y soit associé. A chaque réunion, il y a eu des mises en garde sur le fait que s’il n’y avait pas de volonté d’avancer, cela allait se voir, sortir dans la presse et faire scandale. Cette inertie se voit par exemple dans l’application des protocoles. En mai 2021, l’archevêque a pris un décret pour dire que toutes les plaintes devaient être stockées dans un endroit unique. En octobre 2022, on continue de découvrir que des dossiers ne sont pas transmis. La politique de sanction de non-respect des règles a été très difficile à faire accepter, puis n’est ensuite pas appliquée.
Plus grave encore, nous avons aussi découvert à l’été qu’un vicaire épiscopal a dévoilé des renseignements confidentiels dans des plaintes, brisant ainsi la confidentialité et donc l’identité des victimes et des agresseurs. Malgré cela, pendant trois mois, cette personne est restée en place