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Libération
Efficacité limitée

Iran : les frappes des Etats-Unis ont retardé le programme nucléaire «d’un à deux ans», selon le Pentagone

Les services de renseignement du département de la Défense sont bien moins optimistes que le président Trump sur l’impact des bombardements américains sur les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan en juin.
Une vue satellite du site nucléaire de Fordo, en Iran, le 1er juillet 2025. (Maxar Technologies/AP)
publié le 3 juillet 2025 à 7h57

On est bien loin des discours triomphalistes de Donald Trump. Les dégâts des bombardements américains décidés par président américain ont causé un retard d’environ deux ans au programme nucléaire iranien, selon des évaluations du renseignement américain, a déclaré le Pentagone mercredi 2 juillet au soir. «Nous avons retardé leur programme d’un à deux ans au moins, c’est ce qu’évaluent les services de renseignement du ministère» de la Défense, a déclaré le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell. «Nous pensons que c’est probablement plus proche de deux ans», a-t-il ajouté.

Depuis les bombardements américains contre les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan il y a une dizaine de jours, en soutien à l’offensive israélienne, la question de leur efficacité reste incertaine.

Donald Trump répète que le programme nucléaire de Téhéran a été «anéanti» ou encore retardé de «plusieurs décennies». Son ministre de la Défense, Pete Hegseth, a vanté fin juin «une action militaire décisive» qui «a créé les conditions pour mettre fin à la guerre» entre Israël et Iran. «En décimant, anéantissant, détruisant - choisissez le mot - les capacités nucléaires iraniennes», avait-il martelé.

Mais un premier rapport préliminaire top secret du renseignement américain, dont la presse américaine a fait état la semaine passée, établissait que les frappes contre l’Iran n’avaient fait que pénaliser son programme nucléaire de quelques mois, sans le détruire complètement.

L’AIEA persona non grata en Iran

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, avait reconnu le 26 juin que les dégâts infligés aux installations nucléaires de son pays par la guerre de 12 jours avec Israël - et pas seulement les bombes américaines - ne sont «pas négligeables».

L’Iran vient de en outre de rejeter une demande du directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, de visiter ses installations nucléaires bombardées, afin de pouvoir établir ce qu’il est advenu de son stock d’uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d’une bombe atomique. Rafael Grossi a estimé que l’Iran disposait des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l’uranium d’ici «quelques mois».

Téhéran a d’ailleurs officiellement suspendu sa coopération avec l’AIEA mercredi, après avoir multiplié les accusations à son encontre depuis la récente guerre avec Israël. Le 25 juin, au lendemain du cessez-le-feu imposé par Donald Trump après 12 jours de guerre, le Parlement iranien avait voté massivement un projet de loi qui suspend la coopération avec cette agence de l’ONU chargée de la sûreté nucléaire. Le texte est entré en vigueur mercredi après avoir été promulgué par le président iranien, Massoud Pezeshkian.