Une attaque de plus contre l’IVG aux Etats-Unis. Alors que le droit à l’avortement est l’un des sujets dominant la campagne présidentielle, la Floride voit entrer en vigueur ce mercredi 1er mai une nouvelle loi extrêmement restrictive en la matière. Cet Etat du sud-est américain aux mains des conservateurs interdira désormais toute interruption volontaire de grossesse après six semaines, contre quinze semaines auparavant. Avant ce jour, la Floride faisait figure de refuge pour les femmes du sud-est des Etats-Unis, une région où les interdictions ou restrictions se sont multipliées depuis deux ans.
La Cour suprême de Floride avait confirmé en avril l’entrée en vigueur de cette loi, mais elle avait dans le même temps renvoyé la décision finale aux électeurs. Ces derniers voteront en novembre, en même temps que la présidentielle et les législatives, sur un amendement garantissant le droit à l’avortement. Neuf Etats du sud ont mis en place des mesures similaires. La Géorgie ou encore la Caroline du Sud ont fixé une limite à six semaines de grossesse, un stade auquel de nombreuses femmes ne savent pas encore qu’elles sont enceintes, soulignent les associations de défense du droit à l’IVG.
Récit
L’interruption volontaire de grossesse est depuis toujours ou presque un sujet politiquement brûlant aux Etats-Unis, mais encore plus dans le contexte politique actuel. La vice-présidente Kamala Harris est attendue en Floride dans la journée, afin d’«évoquer le mal fait par les interdictions de l’avortement au niveau des Etats, et marteler que “C’est Trump qui a fait ça”», a fait savoir l’équipe de campagne du président américain et de sa colistière.
«Les électeurs vont demander des comptes à Trump», avait assuré Joe Biden le 23 avril dernier. Le démocrate de 81 ans s’était lui aussi rendu en Floride, cet Etat du sud-est, l’un des plus peuplés du pays, qui a voté deux fois majoritairement pour Donald Trump, et où son équipe de campagne se prend presque à rêver d’un exploit électoral en novembre.
Donald Trump se félicite lui-même régulièrement d’être à l’origine du spectaculaire revirement de jurisprudence de la Cour suprême en juin 2022. L’institution, à laquelle le républicain avait donné une composition très conservatrice, avait alors fait voler en éclats la protection au niveau fédéral du droit à l’avortement, renvoyant la responsabilité aux Etats, en renversant l’arrêt Roe v. Wade. Mais selon les sondages, la majorité des Américains sont favorables au droit à l’avortement. Donald Trump le sait pertinemment et se garde de déclarer ouvertement son soutien à une interdiction fédérale, réclamée par la droite religieuse.
Interrogé par Time pour savoir s’il mettrait son veto à une telle loi en cas de réélection, le magnat de 77 ans, visé par de nombreuses poursuites pénales, a botté en touche. «Je n’ai pas à mettre de veto parce que maintenant tout est revenu aux Etats», a-t-il dit, lors d’un entretien dont la retranscription a été publiée mardi 30 avril. Donald Trump déclare toutefois qu’il laisserait le champ libre aux Etats en question s’ils décidaient de poursuivre en justice des femmes ayant avorté au-delà de la date limite : «Je n’ai pas à être à l’aise ou pas à l’aise» avec cette perspective. «Les Etats prendront cette décision.»