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Libération
Reportage

«Je n’ai jamais eu aussi peur» : dans les fermes californiennes, les travailleurs sans papiers tétanisés par les rafles policières

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Face aux descentes de la police de l’immigration, beaucoup des forçats, qui font vivre l’agriculture de l’Etat, se terrent chez eux. D’ordinaire plutôt favorable à Trump, le secteur s’inquiète pour les récoltes et son avenir.
Des travailleurs agricoles dans un champ de fraises, le 12 juin 2025 à Oxnard, en Californie. (APU GOMES/AFP)
par Benjamin Delille, envoyé spécial à Oxnard (Californie)
publié le 17 juin 2025 à 10h20

Ils ont le dos courbé sous un soleil de plomb. Portent un pull à capuche pour protéger leur peau, un bandana sur le visage. Parfois un grand chapeau de paille qui les distingue dans les immenses champs de fraises d’Oxnard. Sans ses travailleurs agricoles, cette ville californienne du nord-ouest de Los Angeles, accrochée au Pacifique, ne serait pas grand-chose. Ce sont eux qui cueillent citrons, avocats et autres fruits et légumes qui poussent ici toute l’année. Sans leur pénible labeur, jamais Oxnard ne pourrait se vanter d’être «la capitale mondiale de la fraise».

Mais voici que depuis une dizaine des jours, l’horizon s’obscurcit pour ces forçats du fruit dont une bonne partie est immigrée, souvent sans papiers. Les agents fédéraux de l’ICE, la désormais tristement célèbre police de l’immigration, multiplient les rafles dans les champs et les entrepôts. Au nom de l’ambition de Donald Trump d’opérer