Le sac est posé sur un coin de table, entre l’entrée et la grande cuisine. Il ne paie pas de mine. Un sac banane noir, avec un zip bleu clair. Un symbole «peace & love» rouge est cousu sur le devant. Il traîne là, prêt à être attrapé au vol avant de dévaler les marches qui mènent à la porte d’entrée. Assez petit pour être transporté facilement, assez grand pour contenir le nouvel indispensable d’Anna Ray : un 9 mm. Depuis plusieurs semaines, l’arme grise et noire la suit presque partout.
Anna Ray a fait son coming out comme femme trans en 2021. Mais depuis l’élection de Donald Trump, elle ne se sent plus en sécurité. «Avec Trump président, on voit que les gens se sentent encouragés à dire n’importe quelle connerie qui leur passe par la tête», lâche la femme de 42 ans. Ses mains, aux ongles vernis de bleu, lissent le tissu de sa robe par nervosité. «Quand je regarde les réseaux sociaux, je vois toujours un post qui raconte qu’une femme trans s’est fait enlever, tuer, qu’on a retrouvé son corps ici ou là. Je suis grande physiquement mais je ne suis pas une combattante, si on m’attaque, je ne suis pas sûre d’être capable de…» Anna Ray ne termine pas sa phrase. Derrière ses yeux d’un bleu perçant se cache du désespoir. Elle ne regarde plus les réseaux sociaux. Elle a repris ses études pour changer de méti