«Un homme d’un courage incroyable». Joe Biden a présenté jeudi 22 février ses condoléances à Ioulia et Dacha Navalnaïa, la veuve et à la fille d’Alexeï Navalny, lors d’une rencontre à San Francisco. Le président américain, en campagne électorale en Californie depuis mardi, s’est entretenu à l’écart de la presse avec Ioulia et Dacha Navalnaïa. Cette dernière, fille de l’opposant russe mort le 16 février en détention en Russie, étudie à l’université californienne Stanford.
La Maison Blanche a publié deux photos, dont l’une montre Joe Biden serrant dans ses bras Ioulia Navalnaïa, qui a promis de poursuivre les combats de son mari. «C’était un homme d’un courage incroyable et c’est extraordinaire de voir comment sa femme et sa fille reproduisent cela», a déclaré le démocrate de 81 ans lors d’une très brève intervention devant les caméras après la rencontre. Celle-ci a eu lieu quelques heures avant que le gouvernement américain révèle la mise en œuvre de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie. Un nouveau paquet de sanctions visant plus de 500 entités liées «à ses soutiens et à sa machine de guerre».
Today, I met with Yulia and Dasha Navalnaya – Aleksey Navalny's loved ones – to express my condolences for their devastating loss.
— President Biden (@POTUS) February 22, 2024
Aleksey's legacy of courage will live on in Yulia and Dasha, and the countless people across Russia fighting for democracy and human rights. pic.twitter.com/aiCcgTrws3
Le démocrate de 81 ans a à nouveau accusé le président russe Vladimir Poutine d’être «responsable de la mort» de son opposant. Washington a parallèlement appelé les Russes, par la voix d’un porte-parole, à «rendre» la dépouille de Navalny à sa mère Lioudmila Navalnaïa, présente en Russie.
«Légalement, ils auraient dû me rendre immédiatement le corps d’Alexeï», a dénoncé la mère de l’opposant dans une vidéo diffusée jeudi 22 février. «Au lieu de ça, ils me font du chantage». Le même jour, elle a annoncé avoir enfin pu voir le corps de son fils, affirmant que les enquêteurs ont déjà établi la cause du décès, inscrite comme «naturelle», selon l’équipe de l’opposant. «Ils ont commencé à me menacer. En me regardant dans les yeux, ils disent que si je refuse des funérailles secrètes, ils feront quelque chose de son corps. L’enquêteur […] m’a dit ouvertement : “Le temps joue contre vous, le cadavre se décompose”», a-t-elle poursuivi.
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Pour la politologue russe Tatiana Stanovaïa, les autorités veulent éviter que des obsèques ne puissent se transformer en catalyseur pour les Russes opposés au Kremlin. «Ils rendront le corps mais à condition que les funérailles ne deviennent pas un évènement politique», a-t-elle écrit sur son compte Telegram. L’équipe d’Alexeï Navalny, mort après trois années d’emprisonnement éprouvantes, accuse le Kremlin de l’avoir fait tuer et de chercher à dissimuler toutes les traces à ce sujet.
Des sanctions majeures contre la Russie à venir
Comme les Américains, les Européens estiment que Vladimir Poutine et son gouvernement sont responsables de cette mort, des accusations qualifiées par Moscou de «grossières et infondées». Le président russe n’a pas fait de commentaires publics sur cette affaire. L’Occident «agit comme s’il était à la fois procureur, juge et bourreau. L’hystérie s’agissant de la mort de Navalny le prouve», a fustigé jeudi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. «Ces gens n’ont aucun droit de s’ingérer dans nos affaires intérieures», a-t-il ajouté, en marge d’une réunion du G20 au Brésil.
A Washington, l’administration Biden assure que les sanctions «majeures» contre la Russie qui seront détaillées ce vendredi sont une réponse au décès d’Alexeï Navalny, mais également un coup pour marquer les deux années écoulées depuis l’invasion de l’Ukraine. Ces sanctions représentent «la tranche la plus importante depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par Poutine», le 24 février 2022, a indiqué jeudi une porte-parole du département américain du Trésor.
Alors que les Occidentaux cumulent les sanctions visant Moscou depuis le début de la guerre, bon nombre d’experts estiment que la première puissance mondiale et ses alliés ne disposent plus d’une myriade d’options : la Russie a mis en place divers systèmes de contournement et se fournit en armement auprès de l’Iran et de la Corée du Nord. Jeudi, le ministère de la Justice américain a annoncé des inculpations d’oligarques russes, tandis que le Royaume-Uni a dévoilé des mesures contre plus de 50 personnalités et entreprises. Mercredi, ce sont les pays de l’Union européenne qui se sont mis d’accord sur un 13e paquet de sanctions.