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Interview

Jon Erickson: «Le PIB ne dit rien du coût environnemental ou humain de chaque point de croissance»

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La crise et ses dégâtsdossier
Joe Biden a lancé mi-août un chantier de rénovation des outils statistiques afin d’évaluer la santé de l’économie américaine. Selon Erickson, économiste de l’université du Vermont, elle se trouve en récession depuis les années 70 du point de vue du progrès réel. Car le calcul du produit intérieur brut ne prend en compte ni les crises actuelles ni le bien-être humain.
Sur un site d’exploitation de pétrole et de gaz de schiste, dans le Dakota du Nord, en avril. (Jean-Marie Hosatte /REA)
par Julien Gester, correspondant à New York
publié le 28 août 2022 à 17h02

Alimentée par des indices économiques contraires et des hectolitres de mauvaise foi républicaine, la controverse n’aura pas désenflé de l’été américain : «Est-ce que oui ou non, à la fin, le pays du président Joe Biden est entré en récession ? Et si non, est-ce qu’il ne serait pas en train d’y foncer tout droit – pour s’y engouffrer quel jour de la semaine s’il vous plaît ?» A cette dispute stérile, l’économiste Jon Erickson oppose un tout autre récit des Etats-Unis, moins partisan mais non moins alarmant : ces pentes tant redoutées de la récession, la première puissance mondiale s’y serait engagée dès les années 70, pour ne plus les quitter depuis.

Cela du moins si l’on considère les choses au prisme du bien-être humain et de ses intérêts non monétaires, quantifiés par un «indicateur du progrès réel» (GPI pour Genuine Progress Indicator, en version originale) autour duquel s’articulent les travaux de ce professeur de l’Université du Vermont. Une unité de mesure alternative, «forcément imparfaite» mais bien plus à même, selon lui, de quantifier les bienfaits et ravages des orientations économiques que ne le sont tous les bouliers réunis du département du Commerce, de la FED et de Wall Street, par trop rivés à ce «fétichisme du