La mort de Henry Kissinger, mercredi à l’âge de 100 ans, a suscité de très nombreuses réactions officielles à travers le monde. L’admiration pour cette figure controversée de la diplomatie américaine à l’ère de la Guerre Froide l’emporte largement sur les avis négatifs.
Pour le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, «il était extraordinairement généreux de sa sagesse et de ses conseils. Peu de personnes ont été de meilleurs élèves de l’Histoire – et encore moins de personnes ont davantage contribué à façonner l’Histoire». Selon l’ancien président américain George W. Bush, républicain comme Kissinger, le fait qu’un réfugié de l’Allemagne nazie soit devenu chef de la diplomatie des Etats-Unis «raconte tant sa grandeur que la grandeur de l’Amérique».
Le président israélien, Chaim Herzog, a déclaré : «Nous sommes de grands admirateurs de Henry Kissinger [qui a] posé la pierre angulaire de l’accord de paix signé plus tard avec l’Egypte. Lors de notre dernière conversation, il a mis fin à l’appel en disant : “Monsieur le Président, sachez que j’ai toujours aimé, admiré et soutenu l’Etat d’Israël”. J’ai donc toujours ressenti son amour et sa compassion pour Israël et sa foi en l’Etat juif.»
Emmanuel Macron a salué «un géant de l’Histoire. Son siècle d’idées et de diplomatie a eu une influence durable sur son époque et sur notre monde». Au Royaume-Uni, trois anciens Premiers ministres lui ont rendu hommage. «Henry Kissinger était unique en son genre, a déclaré Tony Blair. S’il est possible que la diplomatie, à son plus haut niveau, soit une forme d’art, Henry était un artiste», a-t-il ajouté. «Il a toujours été motivé par un amour sincère du monde libre et par la nécessité de le protéger». David Cameron, Premier ministre conservateur de 2010 à 2016 et actuel ministre des Affaires étrangères, juge que «même à 100 ans, sa sagesse et sa réflexion brillaient. C’était un grand homme d’Etat et un diplomate profondément respecté». Pour Boris Johnson, Premier ministre conservateur de 2019 à 2022, «avec le décès d’Henry Kissinger nous avons perdu un géant de la diplomatie et de la stratégie et du rétablissement de la paix, un amoureux de la concorde».
L’ambassadeur de Chine aux Etats-Unis, Xie Feng, voit dans sa disparition «une perte énorme pour nos deux pays et pour le monde. Il restera toujours vivant dans le cœur du peuple chinois, comme un vieil ami très apprécié». Henry Kissinger, qui s’est rendu plus de 100 fois en Chine, la dernière il y a quelques mois, a été un acteur majeur du rapprochement Washington-Pékin dans les années 1970, aidant le géant asiatique à rompre avec son isolement.
En Russie, Vladimir Poutine a salué «un homme d’Etat sage et visionnaire». «Le nom d’Henry Kissinger est étroitement lié à une politique pragmatique qui a permis à aboutir à une détente des tensions internationales et à des accords très importants américano-soviétiques ayant contribué au renforcement de la sécurité mondiale», a déclaré le président russe.
Rare voix discordante, l’ambassadeur du Chili à Washington, Juan Gabriel Valdés, a parlé sur X (Twitter) d’un «homme dont le prestige historique n’a jamais dissimulé la misère morale». En 1973, Kissinger avait soutenu le coup d’Etat du général Pinochet contre le gouvernement démocratique de Salvador Allende, et l’avait même préparé dès 1970, en accord avec le président Nixon, comme l’ont montré des documents de la CIA, dont une petite partie seulement a été déclassifiée.