Un nouvel accord financier conclu dans l’affaire Epstein. Après les transactions actées entre le prince Andrew et la Deutsche Bank concernant une victime du système présumé d’exploitation sexuelle de mineures mis en place par le financier, la banque américaine JPMorgan Chase est parvenue à un «accord de principe» avec plusieurs victimes présumées du milliardaire décédé Jeffrey Epstein, ce qui lui évite un procès médiatique. «Les parties estiment que cet accord est dans l’intérêt de tous, en particulier des victimes ayant survécu aux terribles abus de M. Epstein», a indiqué un communiqué commun à la banque et aux victimes présumées. La banque JPMorgan va verser 290 millions de dollars à des victimes présumées, selon l’information du Wall Street Journal, confirmée à l’AFP par l’un des avocats de victimes, David Boies.
L’action initiée en 2022 par une femme dont l’identité n’a pas été dévoilée, reprochait à JPMorgan Chase d’avoir facilité les agissements de Jeffrey Epstein en lui permettant de financer ses activités. Des accusations niées par la banque. Le financier, dont l’origine de la fortune est opaque, a été client de JPMorgan Chase entre 1998 et 2013, avant que l’établissement ne décide finalement de rompre leur relation commerciale.
Jeffrey Epstein avait été condamné en 2008 à une peine aménagée de prison de 13 mois pour avoir conduit des jeunes filles à se prostituer en Floride, selon un accord secret passé avec un procureur lui permettant d’échapper à des poursuites fédérales. Inculpé et arrêté en 2019 pour exploitation sexuelle de mineures et association de malfaiteurs, passibles de 45 années de prison, il s’était suicidé en prison quelques semaines plus tard, avant d’être jugé.
L’accord financier annoncé ce lundi intervient après une première transaction, mi-mai pour un montant de 75 millions de dollars, entre la Deutsche Bank et des victimes. Elles affirmaient que l’établissement allemand avait permis au prédateur sexuel présumé de rester actif grâce aux services financiers qu’elle lui avait fournis à partir de 2013. «Ces accords sont historiques et vont changer la vie des survivantes», a réagi Sigrid McCawley, l’un des avocats de la victime présumée. «L’argent qui a, pendant bien trop longtemps, circulé entre le réseau de prostitution de Jeffrey Epstein et des banques majeures de Wall Street, est maintenant utilisé à bon escient.» Selon l’avocate, ces décisions «signalent que les institutions financières ont un rôle important à jouer pour repérer et mettre un terme au trafic sexuel».
«Erreur»
Cette résolution amiable évite à la banque un procès au civil qui aurait vraisemblablement occupé la scène médiatique et associé JPMorgan Chase à l’image de Jeffrey Epstein. L’annonce a été faite le jour de la décision du juge fédéral Jed Rakoff, qui a autorisé la classification de l’action en nom collectif, ou action de groupe, ce qui signifie qu’elle aurait été ouverte à l’ensemble des victimes présumées de Jeffrey Epstein.
L’affaire avait même atteint le PDG emblématique de la banque, Jamie Dimon, longuement auditionné en mai en qualité de témoin, même s’il n’est pas mis en cause dans le dossier. Les avocats des victimes avaient demandé que le patron soit de nouveau auditionné. Un ancien cadre de JPMorgan Chase, James «Jes» Staley, est au centre des relations entre la banque et Jeffrey Epstein, avec lequel il était ami.
Cet ancien patron des activités de banque privée du groupe (destinée aux clients fortunés et institutionnels), qui a quitté la banque en 2013, a affirmé avoir évoqué Jeffrey Epstein avec Jamie Dimon, ce que dément ce dernier. JPMorgan Chase l’a assigné devant la justice civile. «Toute association avec lui (Epstein) a été une erreur et nous le regrettons», a indiqué la banque dans une déclaration transmise à l’AFP. «Nous n’aurions jamais poursuivi notre relation avec lui si nous avions pensé qu’il utilisait notre banque pour faciliter des crimes odieux.»
JPMorgan reste visé par une action en justice du gouvernement des îles Vierges américaines, qui accuse également l’établissement d’avoir fourni à Jeffrey Epstein des services bancaires lui ayant permis de maintenir son réseau de prostitution.