Une décision inattendue. Ce jeudi 25 avril, la Cour d’appel de New York, plus haute instance de l’Etat du nord-est des Etats-Unis, a annulé la décision de 2020 qui condamnait l’ex-magnat du cinéma à 23 ans de prison, et ordonné un nouveau procès.

La majorité du collège des neuf juges qui forment la Cour d’appel de New York a estimé que le juge de première instance n’avait pas accordé à Harvey Weinstein un procès équitable pour deux raisons : il a permis au procureur d’appeler à la barre une série de femmes qui accusaient Weinstein d’agressions, alors qu’elles ne faisaient pas partie des plaignantes, et il a également permis au procureur de questionner Harvey Weinstein sur son comportement passé, notamment sur des allégations n’ayant pas fait l’objet de plaintes. «La solution à ces erreurs choquantes est un nouveau procès», a affirmé l’une des juges, Jenny Rivera.

«Avec cette décision, la cour continue à contrecarrer les victoires régulières pour lesquelles les survivantes de violences sexuelles se sont battues, a réagi la juge Madeline Singas, qui s’est prononcée contre cette décision prise. Les femmes qui portent le traumatisme de violences sexuelles et les blessures des témoignages répétés sont oubliées.» A présent, le procureur de Manhattan, Alvin L. Bragg, doit décider s’il engagera une nouvelle action publique ou non à l’encontre de Harvey Weinstein, explique le New York Times – ce qu’a recommandé la cour d’appel. Alvin L. Bragg est également le procureur au cœur du procès de Donald Trump.

Un groupe de victimes de Harvey Weinstein a dénoncé cette décision, estimant qu’elle «n’est pas seulement démoralisante, elle est aussi profondément injuste». «Mais elle n’affecte en rien la réalité de ce que nous avons vécu», a écrit dans un communiqué le groupe «Silence Breakers». «Le monde a changé», ont affirmé ces femmes ayant dénoncé les agissements du producteur. «Nous continuons à être fortes et à défendre ce changement. Nous continuerons à nous battre pour que justice soit rendue aux survivantes du monde entier», ont-elles clamé.

La décision «est un immense pas en arrière», a également réagi l’avocat Douglas Wigdor, qui a représenté deux témoins du procès new-yorkais. «Les tribunaux admettent régulièrement des preuves sur des actes ne faisant pas l’objet d’inculpations, pour aider les jurés à comprendre les problématiques concernant les intentions, modes opératoires ou procédés du prévenu», a-t-il déclaré. L’un des avocats de Harvey Weinstein a salué, lui, l’annulation de cette condamnation, estimant qu’il s’agissait d’un «grand jour pour les Etats-Unis». «Nous savions que Harvey Weinstein n’avait pas eu droit à un procès équitable», a-t-il déclaré.

Actuellement, Harvey Weinstein est détenu à la prison de la ville de Rome située à New York. En dépit de cette décision, le producteur de cinéma reste condamné à Los Angeles (Californie) à seize ans de prison dans une décision de 2023, après avoir été reconnu coupable d’avoir violé une femme à Beverly Hills. Lui n’a jamais reconnu publiquement autre chose que des relations consenties.

A l’avènement de #MeToo, et depuis 2017, il a été accusé de violences sexuelles par plus de cent femmes, dont Angelina Jolie et Gwyneth Paltrow, de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires. Sa condamnation de 2020 avait donc constitué une victoire pour ce mouvement.

Mis à jour à 15 h 55 : avec les conséquences de la décision pour Harvey Weinstein ; à 20 h 04 avec les réactions des avocats et d’un groupe de victimes.