C’était la porte la plus activement recherchée à travers le monde depuis plusieurs jours. Détachée du fuselage peu après le décollage vendredi 6 janvier, la porte d’avion du Boeing 737 Max 9 d’Alaska Airlines a été retrouvée dimanche 7 janvier dans un jardin de l’Oregon. Cette découverte, communiquée par les autorités aéronautiques américaines, devrait aider à comprendre la cause de cet incident très rare qui a conduit à clouer au sol des Boeing 737 MAX 9 et à annuler des dizaines de vols dans le monde.
«Je suis heureuse d’annoncer que nous avons trouvé le panneau de porte», a déclaré lors d’une conférence de presse Jennifer Homendy, présidente de l’agence américaine chargée de la sécurité des transports, le National Transportation Safety Board (NTSB) qui a dépêché une équipe pour enquêter sur les raisons de l’incident.
Le débris a été retrouvé dans la proche banlieue de Portland, à Cedar Hills. C’est un enseignant qui a récupéré le panneau de 27 kg, tombé dans son jardin. «Il a pris une photo. Sur les photos, je peux juste voir l’extérieur du panneau de la porte, les parties blanches. Nous ne voyons rien d’autre, mais nous allons aller le chercher et commencer à l’analyser», a indiqué la cheffe du NTSB.
Vendredi, vers 18 heures 30, peu après le décollage d’un vol Alaska Airlines de l’aéroport international de Portland (Oregon, nord-ouest), une porte s’est ouverte et détachée du fuselage en plein vol, selon le NTSB. Il s’agit d’une porte condamnée et masquée par une cloison qui ne laisse apparaître qu’un hublot, a précisé le NTSB, une configuration proposée par Boeing aux clients qui le demandent. Ces modèles ont «la porte du milieu bouchée», selon la directive de la Federal Aviation Administration (FAA) publiée sur son site.
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L’appareil, qui transportait 171 passagers et 6 membres d’équipage, était alors à près de 5 000 m d’altitude. L’avion est rapidement retourné à Portland et l’incident n’a fait que quelques blessés légers. «C’était vraiment brutal. A peine en altitude, la façade du hublot s’est détachée», a témoigné Kyle Rinker, un passager du vol, auprès de la chaîne américaine CNN. Selon la NTSB, personne n’était assis aux deux places à côté de la cloison qui s’est envolée. Mais selon des passagers cités par le quotidien de Portland, The Oregonian, un adolescent assis dans la rangée a eu sa chemise arrachée par la décompression, lui occasionnant des blessures légères.
Une réunion convoquée mardi par le directeur général de Boeing
Après ce dysfonctionnement très rare, la FAA a «exigé des inspections immédiates de certains Boeing 737 MAX 9 avant qu’ils ne puissent reprendre le vol», ce qui concerne 171 avions dans le monde, a-t-elle précisé sur X (anciennement Twitter).
En conséquence, les compagnies aériennes et les organismes de sécurité du monde entier ont immobilisé certains Boeing 737 MAX 9 dans l’attente d’inspections, et des dizaines de vols ont été annulés. Ainsi, United Airlines, qui possède la flotte de 737-9 la plus importante au monde, a annoncé laisser au sol 46 appareils, 33 ayant déjà été examinés. Alaska Airlines a précisé samedi sur X (ex-Twitter), qu’après avoir inspecté «plus du quart» de sa flotte de 65 appareils 737 MAX-9, elle n’avait encore trouvé aucun «élément préoccupant». Les compagnies Aeromexico, Copa Airlines - qui exploite 21 de ces appareils - et Turkish Airlines - qui en détient 5 - ont elles aussi annoncé avoir cloué leurs avions au sol pour vérifications.
Alaska Airlines Boeing 737MAX9 (N704AL, built 2023) safely returned to land at Portland-Intl AP (KPDX), OR following an inflight separation of the left-hand emergency exit door during climb-out. All 180 aboard flight #AS1282 to Ontario, CA remained unhurt.… pic.twitter.com/Z3mMP9rs1Y
— JACDEC (@JacdecNew) January 6, 2024
En revanche, l’agence européenne de sécurité aérienne (EASA) a indiqué qu’aucun opérateur en Europe n’utilise le 737 MAX 9 avec les options techniques concernées. «Nous avons beaucoup, beaucoup de chance que cela ne se soit pas terminé de façon plus tragique», a déclaré à la presse la présidente de la NTSB, tandis que le secrétaire américain aux Transports Pete Buttigieg, parlait d’un «incident terrifiant» sur X. Une réunion sur la sécurité a été convoquée pour mardi par le directeur général de Boeing, dans l’usine du constructeur située dans l’Etat de Washington (nord-ouest).
L’incident est un nouvel épisode d’une série noire pour le 737 MAX, avion-vedette de Boeing, qui a connu ces dernières années une série de problèmes techniques et deux crashs : ces derniers ont fait 346 morts en octobre 2018 et mars 2019, entraînant l’immobilisation au sol du 737 MAX durant vingt mois et l’imposition de changements dans le système de contrôle en vol. Plus récemment, Boeing a dû ralentir ses livraisons à cause de problèmes sur le fuselage, en particulier sur la cloison étanche arrière de l’appareil. A fin décembre, le constructeur avait livré plus de 1 370 exemplaires du 737 MAX et son carnet de commandes dépassait les 4 000 unités. La porte retrouvée dimanche pourrait permettre de résoudre les nouvelles interrogations de Boeing.