La pression aura finalement été trop forte. Maintenue à son poste mi-décembre à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire, Claudine Gay, la présidente d’Harvard, a finalement annoncé ce mardi 2 janvier démissionner. «Il a été compliqué de voir le doute planer quant à mes engagements à faire face à la haine et à respecter la rigueur académique... et effrayant de faire l’objet d’attaques personnelles et de menaces alimentées par du racisme», écrit-elle dans sa lettre de démission rendue publique, jugeant que sa décision est prise dans «l’intérêt supérieur» de l’université. Le conseil d’administration de Harvard a accepté cette démission avec «une grande tristesse».
Celle qui était devenue en juillet la première présidente noire de l’université Harvard était sous le feu des critiques depuis des semaines pour ses propos jugés ambigus sur des questions liées à l’antisémitisme sur le campus, et des accusations de plagiat.
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Sur fond de guerre Hamas-Israël, Claudine Gay avait été auditionnée devant le Congrès américain le 5 décembre au sujet de la hausse des actes antisémites à l’université, en compagnie de deux autres responsables de grandes facultés américaines. Elle avait notamment été questionnée par la représentante républicaine et pro-Trump de l’Etat de New York, Elise Stefanik, qui lui avait demandé si «appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ?». La dirigeante d’Harvard avait alors répondu : «Cela peut, en fonction du contexte», avant d’ajouter : «Si c’est dirigé contre une personne.»
Dès le lendemain, Claudine Gay avait précisé ses propos, en martelant que «les appels à la violence» et «les menaces» contre la communauté et les étudiants juifs n’avaient «pas leur place à Harvard» et ne resteraient «jamais sans réponse». Elle avait ensuite reçu le soutien de nombre d’universitaires. Egalement passée à la question à la Chambre des représentants, la présidente de l’université de Pennsylvanie (UPenn), Elizabeth Magill, avait démissionné, le 8 décembre.
«Quelques cas de citations inadéquates»
Mais fin décembre, de nouvelles accusations, cette fois de plagiat, avaient été dirigées contre Claudine Gay. Selon les révélations de médias américains, elle aurait copié des phrases, voire des paragraphes entiers, dans plusieurs de ses publications, notamment dans sa thèse de doctorat.
Face aux appels à la démission qui se multipliaient, la présidente d’Harvard avait bien tenté de se justifier : «Je suis convaincue de l’intégrité de mes travaux. Tout au long de ma carrière, j’ai veillé à respecter les normes académiques les plus strictes». Le conseil d’administration avait toutefois fini par reconnaître «quelques cas de citations inadéquates», «bien qu’aucune violation des normes de Harvard n’ait été découverte», et avait annoncé lancer un examen indépendant des publications de Claudine Gay.
Dans sa réponse à la démission de la présidente, le conseil d’administration de Harvard a estimé que «s’il est vrai que la présidente Gay a reconnu des maladresses et en a endossé la responsabilité, il est également vrai qu’elle a fait preuve d’une résilience remarquable face des attaques continues et profondément personnelles. Certaines ont eu lieu en public, mais la plupart l’ont été à travers des emails et des coups de téléphone honteux au contenu répugnant et dans certains cas violemment raciste. Nous condamnons ces attaques avec la plus grande fermeté».
Mis à jour : à 20h06, avec davantage de détails sur la lettre de Claudine Gay et la réaction du conseil d’administration de Harvard.