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Justice

L’actrice Charlotte Lewis perd en appel le procès en diffamation intenté contre le réalisateur Roman Polanski

Accusé par l’actrice d’avoir mis en doute les violences sexuelles dont elle l’accuse, le cinéaste a été relaxé mercredi 4 décembre par la cour d’appel de Paris. Il ne s’agissait pas de déterminer si Roman Polanski avait violé ou non l’actrice britannique mais s’il avait fait, ou non, un usage abusif de sa liberté d’expression.
Le réalisateur Roman Polanski et l'actrice Charlotte Lewis. (Loïc Venance. Thomas Samson/AFP)
publié le 4 décembre 2024 à 15h24

L’actrice britannique Charlotte Lewis a perdu ce mercredi 4 décembre en appel le procès en diffamation qu’elle avait intenté contre le réalisateur Roman Polanski pour l’avoir traitée de menteuse alors qu’elle l’accuse de viol. La cour d’appel de Paris a «confirmé le jugement entrepris» en première instance, qui avait relaxé en mai dernier le cinéaste de 91 ans par ailleurs accusé d’agressions sexuelles et de viols par plusieurs femmes.

Dans ce dossier, la justice ne devait pas déterminer si Roman Polanski avait violé ou non l’actrice britannique mais seulement si le cinéaste avait fait, ou non, un usage abusif de sa liberté d’expression dans un entretien publié par Paris Match en décembre 2019. Le cinéaste y mettait en doute la véracité des abus sexuels dont Charlotte Lewis l’avait accusé en 2010, lors d’une conférence de presse au festival de Cannes. Elle avait raconté avoir été agressée à l’occasion d’un casting organisé chez Roman Polanski, à Paris en 1983, alors qu’elle était âgée de 16 ans.

Dans l’article, le réalisateur se défend vigoureusement de ces accusations d’abus sexuels contre l’actrice et se plaint d’un «odieux mensonge» de sa part. Il mentionne un article à son sujet paru en 1999 dans le tabloïd britannique News of the World, soulignant la phrase suivante attribuée à l’actrice : «Je savais que Roman avait fait quelque chose de mal aux Etats-Unis, mais je voulais être sa maîtresse […]. Je le désirais probablement plus que lui ne le voulait.» L’actrice a toutefois contesté dès 2010 la véracité de ces propos passés.

Charlotte Lewis avait fait appel du jugement du tribunal correctionnel. Mais le parquet ne l’ayant pas fait de son côté, la relaxe sur le plan pénal était devenue définitive. La cour d’appel devait dire si le réalisateur était tout de même coupable d’une «faute civile» et devait à ce titre lui verser des dommages et intérêts. Elle a décidé que non.

Plusieurs dizaines d’accusations

«C’est une décision qui est très contestable parce que c’est offrir à Roman Polanski une forme de permis de tuer médiatiquement», a commenté l’avocat de la plaignante, Benjamin Chouai. «Il a le droit de diffamer, de discréditer, de salir, il va sûrement continuer à le faire à l’endroit de Charlotte Lewis mais aussi sûrement à l’endroit des autres femmes», a-t-il ajouté, indiquant qu’il allait faire le point avec sa cliente, absente à l’énoncé de la décision, pour éventuellement se pourvoir en cassation.

Roman Polanski, qui a remporté trois Oscars et une Palme d’Or, a été accusé d’agressions sexuelles et viols par une dizaine de femmes au fil de sa carrière, accusations qu’il a toujours contestées et qui ne l’ont pas empêché de travailler. Il est considéré comme un fugitif aux Etats-Unis depuis plus de 40 ans après une condamnation pour des «relations sexuelles illégales» avec une mineure de 13 ans, Samantha Geimer.

En 1977, arrêté, accusé d’avoir drogué et violé cette adolescente, il avait passé 42 jours en prison avant d’être libéré puis de s’enfuir pour Paris face au risque d’être à nouveau emprisonné. Il est visé par un mandat d’arrêt international de la justice américaine mais a échappé aux extraditions. Samantha Geimer a depuis demandé plusieurs fois l’abandon des poursuites.