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Libération
Immigration

L’administration Trump demande à l’archipel des Palaos de recevoir des demandeurs d’asile expulsés des Etats-Unis

Le pays de 18 000 habitants, au large des Philippines, envisage un projet d’accord avec Washington pour accueillir «les ressortissants de pays tiers demandant l’asile aux Etats-Unis».
Les principaux détails de l'accord proposé entre le Palaos et les Etats-Unis ne sont pas clairs. (Gunther Deichmann/ONLYWORLD.NET)
publié le 23 juillet 2025 à 16h43

Les uns en Eswatini, les autres au Soudan du Sud : l’administration Trump expulse ses demandeurs d’asile aux quatre coins du globe. Cette fois, la dernière nation en date sollicitée pour accueillir «les ressortissants de pays tiers demandant l’asile aux Etats-Unis» «qui demanderaient protection et s’opposeraient à un retour dans leur pays d’origine», ne serait autre le petit archipel des Palaos, au large des Philippines.

Dans un communiqué, le cabinet du président de cette nation insulaire de 18 000 habitants, Surangel Whipps Jr, affirme avoir reçu mi-juillet une requête de Washington à ce propos. «Une réunion a eu lieu la semaine dernière. Jusqu’à présent aucune décision n’a été prise à l’issue de cette réunion», a informé un porte-parole.

Les principaux détails de l’accord proposé entre les Palaos et les Etats-Unis ne sont pas clairs. Aucune précision sur le nombre de demandeurs d’asile qui seraient potentiellement accueillis sur l’archipel, l’un des pays les moins peuplés au monde, ni sur ce que les Palaos pourraient obtenir en retour. Dans le communiqué, il est précisé que «sur la base du projet d’accord le plus récent, les Palaos auraient toute latitude pour décider d’accepter ou non des individus, et toutes les actions seraient conformes à notre constitution et à nos lois». Les Palaos ne sont pas signataires de la Convention des Nations Unies relative au statut de réfugiés, contrairement aux Etats-Unis. Ce traité oblige les pays à protéger les personnes fuyant les persécutions et fournit un cadre d’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés.

Politique migratoire

Doris Meissner, directrice du programme d’immigration américain du Migration Policy Institute, a affirmé au journal britannique The Guardian que le projet d’accord avec les Palaos reflète d’autres demandes de l’administration Trump adressées à «des dizaines» d’autres pays. Donald Trump a fait de l’expulsion des immigrés une priorité de son deuxième mandat. Durant sa campagne, il avait promis de mettre fin à une supposée «invasion» de criminels étrangers. Il a notamment signé un décret en janvier intitulé «Protéger le peuple américain contre l’invasion», qui a suspendu les admissions de demandeurs d’asile cherchant refuge aux Etats-Unis.

Une décision de la Cour suprême américaine, rendue en juin, a ouvert la voie à l’expulsion de migrants vers des pays dont ils ne sont pas originaires. Depuis, des demandeurs d’asile ont été transférés vers le Soudan du Sud et l’Eswatini. Le gouvernement Trump envisagerait également d’envoyer des migrants en Libye, au Rwanda et au Salvador (où il a déjà transféré des citoyens américains «criminels»). «Etant donné que la plupart des pays sont petits, éloignés des Etats-Unis et peu familiers à la plupart des Américains, la raison de telles actions est principalement d’accroître la peur au sein des communautés d’immigrants aux Etats-Unis d’être envoyés dans des endroits éloignés où ils n’ont ni famille ni autres liens», constate Doris Meissner pour le Guardian.

Ce ne serait pas la première fois qu’un accord migratoire est conclu entre les Palaos et les Etats-Unis : en 2009, l’archipel avait déjà accepté d’accueillir 17 détenus ouïghours de Guantánamo.