Pour les narcos, la crainte viendra-t-elle du ciel ? Selon des sources militaires et des forces de l’ordre citées par la chaîne américaine NBC News dans un article publié ce mardi 8 avril, l’administration Trump envisage d’intensifier son combat contre les trafiquants de drogue mexicains. Pour cibler les sites de production, les laboratoires de fabrication de fentanyl et d’autres places fortes des cartels, le gouvernement américain songe à mener des frappes de drones en territoire mexicain.

D’après NBC News, les discussions entre la Maison Blanche, le ministère de la Défense et les responsables des services de renseignement ont inclus d’éventuelles frappes de drones contre des membres des cartels et leurs réseaux logistiques au Mexique. Une opération pensée avec la coopération du gouvernement mexicain, dans le but de s’en prendre les réseaux de trafic de fentanyl, une drogue de synthèse responsable de la mort de 50 000 à 60 000 Américains en 2024.

Aucune décision n’a encore été prise par l’administration américaine. Mais les vols de surveillance au-dessus du Mexique se sont considérablement multipliés ces dernières semaines. Selon les sources citées par NBC News, ces opérations de repérage pourraient s’inscrire dans une vaste campagne contre les cartels. Ces vols de surveillance opérés notamment par la CIA, sont effectués avec l’approbation du Mexique, a précisé la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. Celle-ci a toutefois souligné ce mardi après-midi que son pays rejetterait catégoriquement toute intervention militaire unilatérale des États-Unis et qu’une telle action militaire «ne résoudrait rien».

La liste des cibles potentielles pourrait très probablement inclure des agents du cartel, des véhicules, des entrepôts et d’autres éléments du réseau des gangs, ont précisé les sources. L’administration espère coordonner toute action contre les cartels avec l’armée et les forces de l’ordre mexicaines, ont indiqué les six sources. Elles précisent par ailleurs que la plupart des responsables interrogés considèrent une action militaire unilatérale comme un «dernier recours» susceptible de provoquer une rupture avec le Mexique et de compromettre une coopération vitale en matière d’immigration.

Si le Mexique a évité la grande réforme douanière américaine annoncée par Donald Trump mercredi 2 avril, il s’est toutefois engagé à envoyer 10 000 soldats supplémentaires à la frontière. Des troupes spécialement mandatées pour débusquer les cargaisons de fentanyl cachées dans les voitures. De l’autre côté de la frontière, les douanes américaines ont drastiquement renforcé les contrôles, rendant pratiquement impossible toute entrée sur le territoire.

Le 20 janvier, Donald Trump a signé un décret déclarant six cartels de la drogue mexicains comme des organisations terroristes étrangères. Dont les cartels de Jalisco nouvelle génération et Sinaloa, à la tête du trafic de fentanyl. Désormais, les agences de renseignement et les unités militaires américaines disposent de vastes pouvoirs légaux pour mener des opérations d’espionnage et des raids secrets au Mexique.

Illustration de la coopération entre les deux pays en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants, le Mexique a extradé le mois dernier 29 trafiquants de drogue vers les États-Unis. Dont Rafael «Rafa» Caro Quintero, narcotrafiquant reconnu coupable d’avoir orchestré dans les années 1980 l’enlèvement et le meurtre d’un agent de la DEA (Drug Enforcement Administration, agence fédérale chargée de lutter contre le trafic de drogues).

Mise à jour : à 17h29, avec l’ajout de la déclaration de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.