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Libération
Etats-Unis

L’animateur Jimmy Kimmel suspendu après avoir critiqué la récupération du meurtre de Charlie Kirk par le clan Trump

Sous la pression de la droite américaine, la chaîne ABC, propriété de Disney, a annoncé mercredi 17 septembre au soir priver d’antenne l’humoriste star «pour une durée indéterminée».

Jimmy Kimmel lors de la cérémonie des Oscars à Hollywood, le 10 mars 2024. (Mike Blake/REUTERS)
Publié le 18/09/2025 à 9h35

Les répercussions de l’assassinat de Charlie Kirk n’en finissent plus aux Etats-Unis. L’humoriste Jimmy Kimmel, l’un des plus célèbres animateurs de la télé américaine, va être privé d’antenne après des propos accusant le clan de Donald Trump d’exploiter politiquement l’assassinat de l’influenceur d’extrême droite, a confirmé mercredi 17 septembre au soir la chaîne ABC, qui appartient au groupe Walt Disney.

L’animateur de 57 ans, dont l’émission offre un regard humoristique sur l’actualité cinq soirs par semaine et qui a aussi été quatre fois maître de cérémonie des Oscars, s’en est pris au comportement la droite américaine dans son éditorial lundi soir : «Nous avons atteint de nouveaux sommets ce week-end, avec la clique MAGA [Make America great again, le nom du mouvement de Trump, ndlr] qui s’efforce désespérément de présenter ce jeune qui a assassiné Charlie Kirk comme quelqu’un d’autre qu’un des leurs et qui fait tout son possible pour en tirer un avantage politique».

Les Etats-Unis se déchirent sur le profil du jeune suspect, Tyler Robinson, un jeune homme élevé par des parents républicains et qu’une large partie de la droite désigne comme un tueur d’«extrême gauche», car il avait dénoncé à ses proches la «haine» véhiculée par Charlie Kirk et a utilisé des munitions gravées d’inscriptions interprétées comme antifascistes par certains.

Dans ce contexte éruptif, la mise en cause de Jimmy Kimmel a vite provoqué d’importantes réactions. Le patron du gendarme des télécoms américains (FCC), Brendan Carr - nommé par Trump -, a d’abord exhorté mercredi les diffuseurs locaux à cesser de passer l’émission «Jimmy Kimmel Live». Puis, quelques heures plus tard, la direction de la chaîne ABC a annoncé la suspension «pour une durée indéterminée» du late show.

Une décision immédiatement saluée par Donald Trump, qui assume son bras de fer avec les médias depuis son retour à la Maison Blanche. Le président américain n’appréciait pas les critiques régulières de l’animateur de 57 ans, et s’est réjoui d’une «excellente nouvelle pour l’Amérique», sur son réseau Truth Social. «Félicitations à ABC d’avoir enfin eu le courage de faire ce qui devait être fait. Kimmel n’a AUCUN talent», a repris ensuite le président républicain, en appelant dans la foulée la chaîne NBC à priver d’antenne deux autres humoristes célèbres, Jimmy Fallon et Seth Meyers.

Nexstar, un groupe qui possède de nombreuses chaînes affiliées à ABC aux Etats-Unis, a annoncé quelques heures plus tard que ses antennes allaient stopper la diffusion de «Jimmy Kimmel Live».

«C’est ce que font les dictateurs»

Jimmy Kimmel n’a pas encore réagi. Mais la gauche américaine s’étrangle. «Acheter et contrôler les plateformes médiatiques. Licencier des commentateurs. Annuler des émissions. […] Tout cela est coordonné et c’est dangereux», a fustigé le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, en estimant que le parti républicain «ne croit pas en la liberté d’expression».

Chuck Schumer, le Chef du groupe démocrate au Sénat, a aussi dénoncé une décision «scandaleuse» : «Trump et ses alliés semblent vouloir faire taire les discours qui ne leur plaisent pas. Ce n’est pas ainsi que fonctionnent les démocraties. C’est ce que font les dictateurs. C’est ce que ferait Xi. C’est ce que ferait Poutine. Nous ne sommes pas ce genre de pays».

Avant Jimmy Kimmel, Stephen Colbert, présentateur du «Late Show», a appris en juillet que son émission emblématique serait annulée par CBS à partir de 2026. Trois jours avant d’apprendre son futur licenciement, Stephen Colbert avait critiqué CBS pour avoir réglé à l’amiable un procès avec Donald Trump, dans une affaire où celui-ci reprochait un montage «trompeur».

Les accusations étaient fragiles, selon de nombreux experts, mais CBS avait accepté de verser 16 millions de dollars au président. Un «gros pot-de-vin», selon Stephen Colbert, visant à obtenir l’autorisation de la FCC pour le rachat par la société de production Skydance de Paramount, conglomérat dont fait partie CBS.

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump multiplie les attaques contre la presse, en restreignant les accès à la Maison Blanche ou avec des procédures réclamant des sommes astronomiques. Mardi, le milliardaire républicain a aussi annoncé poursuivre le New York Times en diffamation, en exigeant 15 milliards de dollars de dommages et intérêts.