Encore aujourd’hui, vingt ans après les faits, je me surprends à me repasser mentalement, minute par minute, les événements de ce jour-là. Comment j’ai atterri à Londres après un vol de nuit de Los Angeles à 13 h 35, heure britannique (8 h 35 à New York). Comment, dans le taxi de l’aéroport, un flash de la BBC m’a appris qu’un premier avion avait touché la tour nord du World Trade Center. Comment, arrivé chez moi, j’ai allumé la télé et vu la seconde tour s’effondrer comme dans une scène de film catastrophe.
Manhattan, ma ville natale, était plus que traumatisé. Trois mille personnes avaient péri. Les deux plus hauts gratte-ciel de cette île connue pour son architecture vertigineuse n’étaient plus qu’un tas de débris. En quelques jours, le gouvernement de George W. Bush – avec sa doctrine néoconservatrice imprégnée de christianisme évangélique – était sur le point de déclencher une «guerre contre la terreur»… qui déboucherait sur l’invasion absurde et profondément destructrice de l’Irak, la folie de l’Afghanistan, la honte qu’est la prison de Guantánamo et une véritable érosion des libertés civiles sur le front intérieur. La sécurité nationale était désormais une composante omniprésente de la politique américaine.
Hydre effrayante du populisme
Le 11