Menu
Libération
Victoire judiciaire

Le Brésil réautorise le réseau social X, qui s’est engagé à lutter contre la désinformation

La Cour suprême brésilienne a annoncé mardi 8 octobre au soir la levée de la suspension de l’ex-Twitter. La plateforme détenue par Elon Musk va supprimer des comptes soupçonnés de véhiculer des fake news.
Une publicité montant une photo d'Elon Musk dans un centre commercial de Brasilia, le lundi 2 septembre 2024. (Eraldo Peres/AP)
publié le 9 octobre 2024 à 16h29

Dans la guerre contre la désinformation, le Brésil vient de gagner une manche. Après avoir été suspendu le 30 août, le réseau social X (ex-Twitter) est de nouveau autorisé par la justice brésilienne, d’après un arrêt signé mardi 8 octobre au soir par le juge Alexandre de Moraes. Celui-ci a ordonné «la levée de la suspension», avec «la reprise immédiate des activités de X sur le territoire national.»

Le juge a autorisé la réactivation de la plateforme d’Elon Musk, utilisée par 22 millions de Brésiliens, considérant que toutes les exigences judiciaires avaient été remplies. Parmi celles-ci, le paiement d’amendes d’un montant total de 28,6 millions de réais, soit environ 4,8 millions d’euros, et surtout la suppression de comptes soupçonnés de disséminer de fausses informations. En outre, X a dû nommer un nouveau représentant légal au Brésil.

«Nous avons montré au monde que les lois doivent être respectées ici, qui que vous soyez. Le Brésil est souverain», a martelé le ministre des Communications, Juscelino Filho. De son côté, la plateforme s’est réjouie de son retour : «X est fier de revenir au Brésil […] Nous continuerons à défendre la liberté d’expression, dans les limites de la loi, partout où nous opérons.»

Il y a quelques mois, le juge Alexandre Moraes avait estimé que le réseau social avait ignoré les ordres des autorités de bloquer des comptes soupçonnés de désinformation, et avait donc annoncé en août la suspension du réseau social. Des profils liés pour la plupart à l’extrême droite brésilienne, et appartenant à des blogueurs, des entrepreneurs, des journalistes ou des anciens parlementaires, étaient dans le viseur de la justice.

Le laxisme

En effet, depuis le rachat de Twitter par Elon Musk, la plateforme est mise en cause bien au-delà du Brésil pour son laxisme face à la désinformation. Ses détracteurs l’accusent aussi d’être devenue un porte-voix pour la droite radicale.

Le juge Moraes s’est longtemps montré inflexible et avait expliqué que X constitue une menace contre la démocratie et favorise la désinformation. En réaction, Elon Musk avait alors accusé à maintes reprises le magistrat de «censure», le qualifiant le «dictateur» et le comparant à Voldemort, le méchant de la saga Harry Potter.

Pendant le mandat du président Jair Bolsonaro de 2019 à 2022, l’homme de loi s’était érigé en rempart face aux attaques répétées du leader d’extrême droite et de ses partisans contre les institutions du pays. Le juge est par ailleurs en charge des enquêtes les plus sensibles visant l’ancien chef d’Etat, qui n’a de son côté cessé de soutenir Elon Musk, criant lui aussi à la «censure».

Fin septembre, lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a martelé que l’Etat ne devait «pas se laisser intimider par des individus, des entreprises ou des plateformes numériques qui se croient au-dessus des lois».