La politique économique protectionniste de Donald Trump est pour le moment bien loin de porter ses fruits. Le déficit commercial des Etats-Unis, que le président américain tente à tout prix de réduire, a finalement franchi un nouveau record en mars, selon des données officielles publiées par le ministère du Commerce ce mardi 6 mai, alors que le précédent record datait de janvier. La balance commerciale américaine – la différence entre les importations et exportations – s’est creusée de 14 % sur un mois, pour afficher un déficit de 140,5 milliards de dollars (124 milliards d’euros), a rapporté le ministère du Commerce. Un chiffre pire que celui anticipé par les analystes, autour des 137 milliards de dollars, selon le consensus publié par MarketWatch.
Les importations de biens se sont inscrites à un niveau très élevé, 387 milliards de dollars. Cela suggère que les entreprises ont continué à renforcer leurs stocks pour prendre de vitesse la mise en place de nouveaux droits de douane par l’administration Trump. Le rapport mentionne notamment une importante hausse des importations de préparations pharmaceutiques en mars (+ 20 milliards de dollars en un mois).
Une ruée vers l’import
Le président républicain avait prévenu qu’il annoncerait des droits de douane «réciproques» le 2 avril lors de son «Liberation Day». L’ampleur des nouvelles surtaxes imposées ce jour-là sur les produits entrant aux Etats-Unis avait dépassé toutes les craintes. Donald Trump a partiellement fait marche arrière depuis, en appliquant un taux mondial de 10 %, sauf pour la Chine où la taxation est toujours de 145 % sur de nombreux produits.
«Les entreprises ont acheté à l’avance des équipements nécessaires à leur activité et les distributeurs ont rempli leurs entrepôts de biens grand public», résument dans une note les économistes de Wells Fargo. Pour la suite, «les importations américaines connaîtront un creux car les transactions qui en temps normal auraient eu lieu au deuxième trimestre ou plus tard auront déjà été réalisées», assure Carl Weinberg, chef économiste chez HFE.
Maintenant que les droits de douane sont en vigueur, relève de son côté l’économiste de Nationwide Daniel Vielhaber, «nous prévoyons une remontée de l’inflation, ce qui aura pour effet de freiner la consommation et la croissance économique, qui sont déjà en train de ralentir».
Tribune
Cette ruée vers l’import a déjà eu un impact significatif sur la première estimation du produit intérieur brut pour le premier trimestre 2025, annoncé la semaine dernière en recul de 0,3 % (en rythme annualisé), alors qu’il avait augmenté de 2,4 % le trimestre précédent.
Donald Trump justifie les coups de canif à plus d’un demi-siècle de libéralisation des échanges par le creusement du déficit commercial du pays et la nécessité de revitaliser l’industrie nationale. Selon sa théorie, augmenter les droits de douane sur les produits entrant sur le sol américain pourrait inciter les entreprises étrangères à venir s’y installer pour produire, ce qui participerait à la création d’emplois et de richesse aux Etats-Unis.
Mise à jour : à 16 h 58 avec les commentaires des économistes