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Narcos

Le domaine de Pablo Escobar en partie cédé par la Colombie à des victimes du conflit armé

Des terres de l’Hacienda Nápoles, illustration de la mégalomanie du narcotrafiquant colombien mort en 1993, ont commencé à être transférées ce mercredi 1er octobre à des femmes déplacées à cause des violences liées au trafic de drogue.

L’Hacienda Nápoles, en 2021. L'ancien domaine de Pablo Escobar est louée à un parc d’attractions comprenant un zoo et un complexe hôtelier, où un petit avion qu’Escobar aurait utilisé pour le trafic de cocaïne a été exposé pendant des années. (RAUL ARBOLEDA/AFP)
Publié le 01/10/2025 à 22h03

Le gouvernement colombien a cédé une partie des terres de l’Hacienda Nápoles, symbole du pouvoir du narcotrafiquant Pablo Escobar, à des femmes victimes du conflit, a annoncé mercredi le Président, Gustavo Petro. Ces femmes avaient été déplacées au sein de cette région de Magdalena Medio, où opéraient des paramilitaires impliqués dans le trafic de drogue.

Le domaine, situé dans le nord-ouest du pays, est passé aux mains de l’Etat colombien par confiscation après la mort du baron de la cocaïne en 1993 lors d’une opération des forces de l’ordre. Il y avait introduit des animaux exotiques, dont des hippopotames.

Sa gestion a ensuite été confiée à la mairie de Puerto Triunfo. Cette entité la loue à un parc d’attractions comprenant un zoo et un complexe hôtelier, où un petit avion qu’Escobar aurait utilisé pour le trafic de cocaïne a été exposé pendant des années.

Le président Petro a demandé en mai sa cession aux victimes du conflit dans le cadre d’une réforme agraire qui a donné des milliers d’hectares de terres aux agriculteurs. Son gouvernement a annoncé ce mercredi 1er octobre le premier transfert de 120 des plus de 4 000 hectares de la propriété. «Nous avons commencé à récupérer le domaine de Nápoles pour les victimes», s’est-il réjoui le Président.

Désaccord foncier

Les propriétaires du parc au sein du domaine avaient protesté, arguant que le tourisme représente une source importante de revenus pour la région. Mais Felipe Harman, directeur de l’Agence foncière nationale (ANT), a fait valoir que le parc n’occupait que 300 hectares de la propriété et que les zones inoccupées devaient être restituées aux victimes. Les bénéficiaires avaient déjà reçu le terrain grâce à un prêt en 2017 mais, selon le gouvernement, elles ont depuis été expulsées par la police.

«Je suis très heureuse car aujourd’hui, des femmes ont de l’espoir, des terres pour la vie», a témoigné l’une d’elles, Millinery Correa, dans une vidéo partagée par l’ANT. Ces femmes font partie d’une association de victimes ayant occupé des terres dans la région. Le désaccord foncier est au cœur du conflit armé qui dure depuis plus d’un demi-siècle en Colombie.