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Etats-Unis

Le FBI perquisitionne le domicile de John Bolton, ex-conseiller de Trump devenu l’un de ses plus virulents opposants

La police fédérale inspecte ce vendredi 22 août le domicile de l’ancien conseiller à la sécurité nationale du président, lors de son premier mandat, pour savoir s’il a détenu ou partagé des informations classifiées.

John Bolton à la Maison Blanche, le 13 mai 2019. ( Brendan Smialowski/AFP)
Publié le 22/08/2025 à 14h55, mis à jour le 22/08/2025 à 18h16

Il ne fait décidément pas bon être en désaccord avec Donald Trump. Une perquisition du FBI est en cours ce vendredi 22 août au domicile de John Bolton, dans le Maryland. Il était conseiller à la sécurité nationale lors du premier mandat du président républicain, avant de devenir très critique vis-à-vis de sa politique.

Partage d’informations classifiées

«PERSONNE n’est au-dessus de la loi… Les agents du FBI sont en mission», a écrit sur X le directeur de la police fédérale, Kash Patel, sans que ce proche allié de Donald Trump ne précise quelle affaire il évoque. Interrogé par la presse, Donald Trump a déclaré ne pas avoir été informé par le FBI de cette perquisition, avant de lancer plusieurs piques à son ancien conseiller. «Je ne suis pas fan de John Bolton. C’est vraiment un moins-que-rien», a déclaré le président américain. «Ce n’est pas un gars intelligent, mais il pourrait aussi être très antipatriotique, on va voir ça», a ajouté Donald Trump.

Questionné par le New York Times sur l’opération, un porte-parole du FBI a déclaré que les agents «menaient une opération autorisée par un tribunal dans la région». L’enquête sur le rival de Donald Trump vise à déterminer s’il a illégalement partagé ou détenu des informations classifiées, selon deux sources du quotidien américain.

De retour à la Maison Blanche en janvier pour son second mandat, Donald Trump avait signé un décret exécutif accusant John Bolton d’avoir révélé «des informations sensibles du temps où il était» à la Maison Blanche, de 2018 à 2019.

Des accusations similaires avaient été portées il y a plusieurs années par l’administration Trump, lors de la publication du livre de John Bolton sur son passage à la Maison Blanche, La pièce où ça s’est passé — dans lequel il avait présenté son ancien patron comme obnubilé par sa seule réélection et «inapte» à diriger la première puissance mondiale. Mais ces tentatives n’avaient pas abouti, ni auprès des enquêteurs criminels, ni auprès des tribunaux.

«Idiot»

Le président américain avait également privé son ancien conseiller de la protection du Secret Service, l’agence chargée de protéger les hautes personnalités politiques aux Etats-Unis, et l’avait traité d’«idiot». Il lui avait également coupé tout accès à des données de sécurité et de renseignement.

John Bolton avait alors déclaré être «déçu mais pas surpris» de la décision. Il avait dit être la cible d’un projet d’assassinat fomenté par l’Iran entre 2021 et 2022 et avait affirmé en janvier que «la menace demeure». Téhéran aurait ainsi voulu venger la mort de son général Qassem Soleimani, tué le 3 janvier 2020 dans une frappe de drone en Irak ordonnée par Donald Trump lors de son premier mandat (2017-2021).

Limogé par Donald Trump en 2019, l’habitué de Fox News était en profond désaccord avec le dirigeant américain sur de nombreux dossiers de politique étrangère, de l’Iran à la Corée du Nord, en passant par l’Afghanistan.

Belliqueux

Cet «ultra-faucon», notamment connu pour ses analyses tranchées et belliqueuses, n’avait jamais caché son scepticisme vis-à-vis des sanctions imposées par les Etats-Unis au régime nord-coréen, leur préférant une intervention militaire.

Avec son visage barré d’une épaisse moustache, ce républicain de 76 ans s’était fait connaître à l’international comme ambassadeur à l’ONU sous la présidence de George W. Bush, durant la guerre en Irak.

A son départ de la Maison Blanche, il avait commencé à prendre position contre les politiques menées par Donald Trump. Récemment, il a critiqué la tenue du sommet entre le président américain et Vladimir Poutine en Alaska, jugeant dans un débrief sur CNN : «Trump n’a pas perdu, mais il est certain que Poutine a gagné.»

Dans une interview la semaine dernière à la chaîne ABC News, l’ancien ambassadeur avait regretté le fait que Donald Trump s’en prenne à lui et d’autres, estimant que le second mandat du républicain était une «présidence de représailles».

Il a également critiqué à plusieurs reprises la nomination de Kash Patel à la tête du FBI, qui selon lui «montre ce que Trump veut vraiment, c’est-à-dire une allégeance à Trump». Au moment de cette nomination, des élus démocrates avaient aussi exprimé leur forte opposition. Le sénateur démocrate Dick Durbin avait ainsi dit craindre que cet ancien procureur fédéral n’utilise son nouveau rôle pour «se venger de ses ennemis politiques». En 2023, Kash Patel avait assuré que s’il était amené à prendre la direction du FBI, les agences de police «s’en prendraient» aux journalistes ainsi qu’aux responsables du gouvernement de Joe Biden.

Mis à jour à 17 h 30 avec la réaction de Donald Trump.