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Antitrust

Le gouvernement américain veut forcer Google à céder son navigateur Chrome et démanteler son monopole

Le ministère de la Justice des Etats-Unis a réclamé mercredi 20 novembre au soir une scission des activités de la filiale du groupe Alphabet, accusé d’imposer l’utilisation par défaut de son moteur de recherche sur les smartphones Android.
Une application Google Chrome sur l'écran d'un smartphone. (Sislas Stein/DPA.AFP)
publié le 21 novembre 2024 à 8h57

Une sanction qui serait historique pour le géant technologique déjà épinglé pour ses pratiques anticoncurrentielles. Le gouvernement américain a demandé mercredi 20 novembre dans la soirée à la justice d’ordonner à Google de céder son navigateur Chrome. Dans un document judiciaire, le ministère de la Justice réclame une scission des activités de la filiale du groupe Alphabet, interdisant également à Google de signer des accords avec les constructeurs pour imposer l’utilisation par défaut de son moteur de recherche sur les smartphones.

Chrome, le navigateur internet le plus utilisé au monde, est dans le viseur parce qu’il constitue un point d’accès majeur au moteur de recherche, sapant ainsi les chances de potentiels concurrents. Selon le site StatCounter, Google pesait, en septembre, 90 % du marché mondial de la recherche en ligne et même 94 % sur les smartphones. Les dix semaines de procès avaient permis de révéler les sommes mirobolantes versées par la filiale d’Alphabet pour s’assurer de l’installation par défaut de Google Search, notamment sur les smartphones fabriqués par Apple et Samsung.

Les autorités veulent aussi empêcher Google de tirer profit de son système d’exploitation pour mobiles Android pour promouvoir ses autres produits. Elles réclament même que le géant technologique cède Android faute de proposer des évolutions dans ce sens.

Après avoir reçu la requête officielle des autorités mercredi, le juge attend désormais les propositions de Google le mois prochain avant d’entendre les deux parties lors d’une audition spéciale prévue en avril. Mais les changements, s’ils ont lieu, prendront sans doute des années, Google ayant prévu de faire appel et dénonçant l’hypothèse d’un démantèlement comme «radicale».

Google a été jugé coupable l’été dernier de pratiques illégales pour établir et maintenir son monopole dans la recherche en ligne par un juge fédéral de Washington. La prochaine étape est désormais de se prononcer sur la peine imposée à l’entreprise et donc les réponses à apporter à sa position dominante.

Reste que cette requête marque un changement profond de la part des autorités américaines de la concurrence qui ont essentiellement laissé tranquilles les géants des technologies depuis leur échec à démanteler Microsoft il y a une vingtaine d’années.

L’inconnue Trump

Mais l’affaire risque de finir entre les mains de la Cour suprême - dominée par les républicains - et reste suspendue à l’arrivée au pouvoir en janvier de Donald Trump. Le milliardaire républicain va placer une nouvelle équipe à la tête des autorités de la concurrence et a soufflé le chaud et le froid sur ses intentions concernant la puissance des géants technologiques. Il a nommé, pour diriger le régulateur américain des télécoms, la FCC, Brendan Carr, qui veut «démanteler le cartel de la censure» imposé selon lui par les géants de la tech que sont Facebook, Google, Apple ou encore Microsoft. Mais le président élu a aussi estimé qu’un démantèlement serait excessif.

Google fait face à une offensive juridique plus large pour des violations présumées des lois sur la concurrence, aux Etats-Unis comme dans l’Union européenne. En octobre, un juge fédéral de Californie a ainsi ordonné à Google d’autoriser l’installation de boutiques d’applications concurrentes à Google Play Store, donnant raison au créateur du jeu en ligne Fortnite, Epic Games.