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Libération
Crise diplomatique

Le président colombien Gustavo Petro directement ciblé par les sanctions américaines

En escale au Cap-Vert, l’avion du chef de l’Etat s’est vu refuser le ravitaillement en carburant, mardi 28 octobre, en raison de l’ajout de son nom sur la liste noire américaine de personnes liées au narcotrafic. Pour gagner l’Arabie Saoudite, il a dû passer par une base militaire espagnole.

Le président colombien Gustavo Petro à Bogota en Colombie, le 24 octobre 2025. (Ivan Valencia/AP)
Par
Timothée Ives
Publié le 31/10/2025 à 17h11

Les premières conséquences des sanctions étasuniennes se font sentir pour Gustavo Petro, premier président de gauche de la Colombie. Ajouté le 24 octobre sur la liste noire du Bureau de contrôle des avoirs étrangers (Ofac) par Donald Trump, le président colombien a dû effectuer un large détour vers un pays ami pour que son avion puisse faire le plein.

Lors d’une escale technique au Cap-Vert dans le cadre d’un voyage officiel en Arabie Saoudite, mardi 28 octobre, une entreprise américaine a refusé de ravitailler l’avion présidentiel en carburant, invoquant la présence de Gustavo Petro sur la «liste Clinton», comme elle est communément appelée. Le chef de l’Etat a dû se déplacer en Espagne pour pouvoir recharger son appareil sur une base militaire, avant de partir vers Riyad.

Après avoir dans un premier temps nié les faits, le président colombien les a reconnus sur X, jeudi 30 octobre, alors qu’il se trouvait encore en Arabie Saoudite. Il a annoncé rompre le contrat de la Colombie avec l’entreprise nord-américaine impliquée, et a dénoncé son ajout sur la liste noire. «Le monde sait que Trump me persécute parce que je me suis opposé au génocide à Gaza et aux crimes dans les Caraïbes – et non pas parce que je transportais de la cocaïne, ni parce que j’avais une nièce ou une belle-sœur mafieuse, ni un oncle, ni parce que je faisais partie du cartel de Pablo Escobar», a-t-il publié sur X.

Relations exécrables entre Petro et Trump

L’inscription de Gustavo Petro sur la liste Clinton par Donald Trump est la dernière conséquence des relations exécrables qu’entretiennent les deux chefs d’Etat. Seulement six jours après l’investiture du président américain, le 20 janvier, une grave crise diplomatique avait éclaté lorsque la Colombie a refusé le rapatriement de plusieurs centaines de ses ressortissants déportés des Etats-Unis. Les deux pays s’étaient alors mutuellement menacés de droits de douane punitifs, finalement suspendus. Après une accalmie, les tensions ont refait surface. Le 27 septembre, les Etats-Unis ont révoqué le visa du président colombien après sa participation à une manifestation propalestinienne à New York.

Gustavo Petro a par la suite vivement critiqué les frappes illégales menées par les Etats-Unis dans les eaux internationales au large des côtes colombiennes, sous couvert de guerre contre la drogue. Donald Trump a réagi en accusant son homologue de tenir un rôle dans le narcotrafic et en l’inscrivant sur la liste infamante. Son épouse, son fils et son ministre de l’Intérieur, Armando Benedetti, subissent les mêmes sanctions.

Salaire bloqué

La présence du premier mandataire colombien sur la liste Clinton a déjà causé d’autres complications. En raison des interconnections du système financier international, les comptes bancaires de Gustavo Petro se trouvent bloqués, et le ministère des Finances colombien n’a pas encore pu trouver un moyen de payer son salaire au chef de l’Etat. Un communiqué du gouvernement colombien a qualifié la présence de Gustavo Petro sur cette liste d’«injure» et d’«atteinte à l’honneur» du Président.