Le procès du jeune homme accusé d’avoir failli tuer l’écrivain Salman Rushdie en l’attaquant au couteau s’ouvre ce mardi 4 février au nord de New York. Le procès doit démarrer par la sélection du jury (parmi les personnes tirées au sort) devant un tribunal du comté de Chautauqua, localité de l’Etat de New York secouée à l’été 2022 par l’agression qui avait coûté un œil à l’auteur américano-britannique né en Inde. L’ouverture du procès a été reportée plusieurs fois et la sélection du jury peut prendre plusieurs jours
Hadi Matar, un Américano-libanais âgé aujourd’hui de 27 ans, est accusé de s’être rué sur Salman Rushdie le 12 août 2022, en pleine conférence littéraire, et de l’avoir poignardé à de multiples reprises, le blessant grièvement au visage, au cou et à l’abdomen. Il est aussi poursuivi devant la justice fédérale pour «acte de terrorisme au nom du Hezbollah», le mouvement libanais chiite soutenu par l’Iran. Mais Téhéran avait nié toute implication dans l’attaque. Le jeune homme, lui, a plaidé non coupable. Salman Rushdie pourrait quant à lui témoigner lors du procès.
«C’est donc toi»
Cette agression avait choqué dans le monde entier, de la communauté littéraire aux capitales occidentales qui avaient apporté leur soutien à Salman Rushdie, symbole mondial de liberté d’expression. Mais elle avait aussi été saluée par des extrémistes dans certains pays musulmans – l’auteur est visé depuis 1989 par une fatwa de l’Iran réclamant sa mort pour ses Versets sataniques.
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«C’est donc toi», avait pensé l’auteur à la vue de l’assaillant, lui qui vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête depuis des décennies. Apparu en public avec un cache-œil après son rétablissement, Salman Rushdie, 77 ans, a livré son récit de l’attaque dans son livre «Le Couteau» paru en 2024. Quelques jours après les faits, Hadi Matar avait lui été interviewé depuis sa prison par le tabloïd New York Post, auquel il avait confié avoir été «surpris» que Salman Rushdie ait survécu. Il n’avait pas dit s’il avait été inspiré par la fatwa lancée par l’ayatollah Khomeini mais indiqué qu’il ne «(l’aimait) pas» et il lui reprochait d’avoir «attaqué l’islam». Selon sa mère, qui s’était exprimée sur le site internet du Daily Mail, il était revenu «changé» et plus religieux d’un voyage en 2018 au Liban, pays d’origine de sa famille.