Attablé dans un café vide, Ricardo (1) ne cesse de jeter des coups d’œil derrière son épaule. Le rendez-vous a pourtant lieu dans l’un des endroits les plus sûrs de Guayaquil, un petit quartier de restaurants et d’hôtels flambant neufs, au bord des eaux marronnasses du fleuve Guayas. Seuls les touristes et les Equatoriens aisés logent dans cette zone, dont l’entrée est gardée nuit et jour. «Il faut quand même se méfier. On peut croiser des gens haut placés dans le trafic de drogues qui vivent ici», avertit l’homme en chuchotant.
Le 9 janvier, il se trouve dans les bureaux de la chaîne de télévision locale TC lorsque des hommes cagoulés débarquent dans les studios. Depuis les toilettes où il s’est réfugié, Ricardo envoie «des dizaines et dizaines de messages pour prévenir un maximum de monde». Dans le même temps, le présentateur de l’émission, en plein direct, est mis en joue par plusieurs jeunes, armés de machettes, d’armes à feu et de grenades.