L’équipe de campagne du candidat républicain Donald Trump a affirmé samedi 10 août avoir subi un piratage, accusant des «sources étrangères» d’avoir fait fuiter des communications internes et un dossier concernant J.D. Vance, le colistier de l’ex-président. L’accusation fait suite aux révélations du site d’informations Politico, qui a déclaré avoir reçu, depuis le 22 juillet, un ensemble de courriels provenant d’un compte anonyme et relayant des communications internes à la campagne de Trump.
L’expéditeur de ces messages, qui se présentait sous le nom de Robert, a notamment averti les journalistes du site de ne pas «s’intéresser à la provenance de ces documents». Le quotidien The New York Times affirme avoir reçu un ensemble de pièces «similaires, voire identiques», de «la même personne».
La fuite contenait notamment des renseignements sur J.D. Vance, 271 pages comprenant de vieilles déclarations du sénateur de l’Ohio et des critiques prononcées à l’encontre de l’ancien président – étiquetées comme «vulnérabilités potentielles». Il s’agirait d’une sorte de version préliminaire du dossier de sélection de celui qui est devenu, le 18 juillet, le colistier de Trump. Politico affirme aussi avoir reçu des communications internes à la campagne républicaine. Des informations qui n’ont pas été mises en ligne, mais qui révèlent «une faille de sécurité majeure», selon le site d’informations.
«Mail d’hameçonnage»
Dans un rapport publié vendredi 9 août, la société Microsoft a confirmé cette attaque, indiquant qu’un groupe de pirates informatiques, dirigé par l’unité de renseignement des Gardiens de la révolution islamique, organisation paramilitaire dépendant directement du guide iranien Ali Khamenei, a réussi à s’introduire dans la messagerie électronique d’un ancien conseiller d’une campagne présidentielle, sans toutefois préciser quelle équipe avait été visée. Dans son rapport d’incident, Microsoft indique que les pirates ont, depuis ce compte, «envoyé un mail d’hameçonnage à un haut responsable d’une campagne présidentielle».
Steven Cheung, porte-parole de l’équipe de la campagne Trump, a fustigé les médias qui ont diffusé des informations obtenues de manière irrégulière. «Ces documents ont été obtenus illégalement auprès de sources étrangères hostiles aux Etats-Unis, avec l’intention d’interférer dans l’élection de 2024 et de semer le chaos dans notre processus démocratique», a-t-il déclaré dans un communiqué publié samedi. Donald Trump a lui aussi réagi à cette attaque. Dans un post publié samedi sur son réseau Truth Social, l’ancien président a déclaré que les pirates n’avaient obtenu que «des informations accessibles au public». «L’Iran et d’autres ne reculeront devant rien, car notre gouvernement est faible et inefficace, mais cela ne durera pas longtemps», a-t-il ensuite averti.
Téhéran a toutes les raisons de souhaiter sa défaite
En 2016, les mails du Comité national des démocrates avaient également été piratés, la fuite mettant notamment au jour des échanges internes concernant Hillary Clinton, la candidate alors choisie par le parti pour affronter Donald Trump. Le milliardaire, vainqueur de l’élection présidentielle cette année-là, avait été critiqué pour avoir encouragé cette fuite de données attribuée à la Russie.
Depuis, la menace d’une ingérence étrangère dans l’élection présidentielle inquiète les experts américains en cybersécurité. Si le spectre d’attaques russes ou chinoises est souvent évoqué, le rôle de l’Iran pourrait être bien plus important dans le scrutin de cette année. Téhéran a en effet toutes les raisons de souhaiter la défaite de Trump, un candidat qui ne cache pas son soutien à l’Etat israélien et qui, durant son passage à la Maison Blanche, avait réimposé des sanctions économiques à la république islamique et commandité l’assassinat de Qassem Soleimani, général iranien à la tête de la force al-Qods, unité d’élite des Gardiens de la révolution.