Menu
Libération
Quel avenir?

Les bureaux de vote ont ouvert au Brésil pour un scrutin à l’issue incertaine

Élection présidentielle brésilienne 2022dossier
Assistera-t-on au retour de la gauche, personnifiée par Lula, avec le risque d’une insurrection du camp opposé alimentée par le refus de la défaite de Bolsonaro, ou à la confirmation d’une extrême droite à la tête du plus grand pays d’Amérique latine ?
Des personnes font la queue devant un bureau de vote à Sao Paulo, au Brésil, le 30 octobre 2022, lors du second tour de l'élection présidentielle. (CAIO GUATELLI/AFP)
publié le 30 octobre 2022 à 12h49

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche à 8 heures (midi en France) au Brésil où 156 millions d’électeurs sont appelés à départager l’ex-président de gauche Lula, favori, et le chef d’Etat sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro. Les bureaux fermeront à 17 heures (21 heures en France). Le résultat de l’élection présidentielle la plus polarisée de l’histoire moderne de l’immense pays latino-américain devrait être connu deux ou trois heures plus tard.

L’issue de ce scrutin entre le revenant Lula, et le sortant Bolsonaro qui le talonne dans les sondages, est très incertaine. La campagne entre deux dirigeants que tout oppose s’est déroulée dans un climat brutal qui les a vus s’insulter copieusement pendant que les réseaux sociaux charriaient des torrents de désinformation.

Si les sondages prédisent depuis des mois un troisième mandat de quatre ans à Luiz Inacio Lula da Silva, après ceux de 2003-2010, Jair Bolsonaro, 67 ans, peut encore y croire. Selon l’ultime enquête Datafolha samedi soir, l’écart s’est resserré, avec une victoire de Lula à 52 % contre 48 % pour son adversaire. La marge d’erreur est de + ou - 2 points et les sondages avaient lourdement sous-estimé le score de Bolsonaro au 1er tour. «C’est bien plus serré que quiconque l’aurait cru, dit à l’AFP Brian Winter, rédacteur en chef de Americas Quarterly, ça va être une élection pleine de confusion».

Les deux candidats ont déjà déposé leur bulletin dans l’urne. Jaïr Bolsonaro d’abord, un peu après 8h et l’ouverture des bureaux de vote. «Si Dieu le veut on va gagner ce soir», a déclaré le président d’extrême droite, souriant et vêtu d’un t-shirt jaune et vert aux couleurs du drapeau du Brésil affectionné par les bolsonaristes. Suivi par Lula, plus mesuré, qui a évoqué sa «confiance dans une victoire de la démocratie».

L’épisode du Capitole américain, version brésilienne ?

Bolsonaro acceptera-t-il la défaite s’il est le premier président se représentant à un second mandat à ne pas être réélu depuis le retour à la démocratie en 1985 ? Après avoir lancé des attaques incessantes contre le système «frauduleux» des urnes électroniques, il a affirmé vendredi : «celui qui a le plus de voix gagne. C’est la démocratie». «Bolsonaro va remettre en question le résultat», estime Rogerio Dultra dos Santos, de l’Université fédérale de Fluminense.

Beaucoup craignent une réplique brésilienne de l’assaut du Capitole après la défaite de Donald Trump qui pourrait viser par exemple la Cour suprême si souvent vilipendée par Bolsonaro. L’ex-capitaine peut compter sur «l’appui de ses électeurs les plus radicalisés […] et provoquer des troubles», selon l’analyste, qui voit mal toutefois les forces armées se lancer dans un coup de force et souligne que les institutions démocratiques sont solides. Trump, justement, a appelé les Brésiliens à réélire Bolsonaro, «un type super», et surtout pas «Lulu (sic), ce cinglé de la gauche radicale». Mais l’ancien métallo au destin hors norme a espéré que Bolsonaro «aura un moment de sagesse» et «reconnaîtra le résultat» s’il perd.