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Référendum

Les Chiliens rejettent une nouvelle Constitution plus conservatrice

Après le «non» en septembre 2022, un nouveau vote était organisé dimanche 17 septembre sur un projet de texte visant à remplacer celui en vigueur depuis la dictature d’Augusto Pinochet.
Des Chiliens faisaient la queue pour voter dans la capitale Santiago, dimanche 17 décembre 2023. (Pablo Véra/AFP)
publié le 18 décembre 2023 à 7h21

C’est la deuxième fois en un peu plus d’un an que les Chiliens étaient appelés à se prononcer sur une nouvelle Constitution en remplacement de celle en vigueur depuis la dictature d’Augusto Pinochet. Et pour la deuxième fois, ils ont rejeté le texte dimanche 17 décembre. Après dépouillement de 76,52 % des votes, le «contre» a remporté par 55,54 % des voix, tandis que le «pour» a obtenu 44,55 %, selon le Service électoral (Servel).

A la différence du premier, une proposition progressiste soutenue par le jeune président de gauche Gabriel Boric repoussée en septembre 2022, ce projet était plus conservateur que l’actuelle Constitution. Il avait été rédigé par ceux qui défendent l’héritage du général Pinochet, et visait à renforcer le caractère conservateur du texte actuel qui date de 1980, en particulier sur des questions telles que l’avortement et la sécurité publique.

La Constitution actuelle «protège la vie de celui qui va naître», mais le nouveau texte va au-delà, en faisant de l’embryon une personne, rendant ainsi plus difficile la justification d’un avortement. Le nouveau texte proposait en revanche de reconnaître pour la première fois les peuples autochtones, une aspiration de longue date des peuples indigènes, majoritairement Mapuche, qui représentent environ 12 % de la population, mais ne répond pas à leur demande de plus d’autonomie.

Avant le référendum de dimanche, Gabriel Boric avait assuré que cette nouvelle consultation serait la dernière tentative de réformer la Constitution. La modification du texte de l’ère Pinochet (1973-1990), considéré comme un frein à toute réforme sociale de fond, avait été actée pour contenter le mouvement social de 2019 contre les inégalités, qui avait fait une trentaine de morts. Un an plus tard, les Chiliens avaient approuvé à 80 % l’élaboration d’une nouvelle Constitution.

Mais l’enthousiasme pour une nouvelle Constitution a été refroidi par la pandémie, l’inflation et un sentiment croissant parmi la population d’insécurité et de lassitude.

Boric en perte de vitesse

Après le rejet de la première proposition, Gabriel Boric avait subi un nouveau revers en mai lorsque la droite ultra-conservatrice était arrivée en tête du scrutin pour élire les membres qui allaient former le Conseil constitutionnel chargé de rédiger la nouvelle loi fondamentale. Le Parti républicain avait séduit les électeurs par son discours intransigeant contre l’insécurité, qu’il associe principalement à l’immigration vénézuélienne.

L’opposition présentait le vote de dimanche comme une consultation sur le président Boric, qui a surfé sur une vague de mécontentement pour être élu fin 2021, à l’âge de 35 ans, comme le plus jeune dirigeant de l’histoire du Chili, mais dont la cote de popularité est désormais en perte de vitesse.