Le très populaire réseau social TikTok pourrait s’éteindre d’ici un an aux Etats-Unis. Le Sénat américain a adopté, mardi 23 avril, une loi obligeant la plateforme à couper ses liens avec sa maison mère, ByteDance, et plus largement la Chine, s’il ne veut pas être interdit dans le pays. Le texte, qui devrait être promulgué par le président Joe Biden dans la journée ce mercredi, comme il l’a annoncé il y a quelques jours, avait été adopté samedi 20 avril par la Chambre des représentants, l’autre composante du Congrès. L’ultimatum lancé par les législateurs américains à la plateforme chinoise s’inscrit dans le cadre d’un ensemble de plusieurs projets, dont l’aide à l’Ukraine, Israël et Taiwan.
Risques d’addiction pour les jeunes
Une fois la loi signée, le réseau social aura alors neuf mois, avec un délai de trois mois supplémentaire, pour s’émanciper de ByteDance, auquel cas il sera exclu des boutiques Apple et Google aux Etats-Unis. Mais l’application de la loi devrait prendre plusieurs années, ce qui devrait rassurer les 170 millions d’utilisateurs américains, notamment les nombreux influenceurs. L’entreprise chinoise a déjà annoncé qu’elle s’opposerait à toute tentative de l’obliger à vendre TikTok. Une action en justice, qui irait sûrement jusqu’à la Cour suprême, retarderait alors le processus. Il y a une semaine, le réseau social spécialisé dans les vidéos courtes avait dénoncé une violation de «la liberté d’expression», tout en ajoutant que la loi serait «dévastatrice pour 7 millions d’entreprises et fermerait une plateforme qui contribue de 24 milliards de dollars à l’économie américaine, chaque année».
Lors d’un échange le 2 avril avec son homologue chinois, Xi Jinping, le président américain Joe Biden avait exprimé son «inquiétude» à propos de TikTok. En plus des risques d’addiction pour les jeunes, les Etats-Unis accusent le réseau social de permettre à la Chine d’espionner ses utilisateurs. Dans une interview à NBC News publiée mardi, le directeur du FBI Christopher Wray a affirmé que la plateforme «a des obligations vis-à-vis du gouvernement chinois». Il s’est dit aussi «particulièrement préoccupé par les risques que présente TikTok, étant donné la stratégie bien connue de la Chine». Alors que les affaires d’espionnages se multiplient aussi en Europe, plusieurs pays ont déjà fait part de leur inquiétude par rapport au risque que présente le réseau social.
Blinken en Chine au même moment
L’adoption de cette loi par le Congrès pourrait aussi compliquer le séjour d’Antony Blinken en Chine, le deuxième en moins d’un an. Le secrétaire d’Etat américain a entamé ce mercredi 24 avril une visite de trois jours. Alors que les relations entre les deux pays restent très tendues, malgré un léger réchauffement au cours de la dernière année, les Etats-Unis souhaitent augmenter la pression sur Pékin concernant différents dossiers, tout en préservant une certaine stabilité. Mercredi, le chef de la diplomatie américaine est arrivé à Shanghai, où il doit assister à un match de basketball, histoire de détendre l’atmosphère.
Dès jeudi, Antony Blinken entrera dans le vif du sujet. Au programme, les pratiques commerciales de Pékin, ainsi que l’aide américaine à Taiwan. La Chine avait averti que le soutien militaire américain apporté à cette île ne faisait qu’accroître le «risque de conflit», agitant la menace de «mesures résolues et efficaces pour protéger sa souveraineté, sa sécurité et son intégrité territoriale». Le rapprochement entre la Chine et la Russie ces deux dernières années sera aussi mis sur la table. «Si Pékin veut avoir d’un côté des relations amicales avec l’Europe et d’autres pays, elle ne peut pas alimenter d’un autre côté ce qui est la plus grande menace contre la sécurité européenne depuis la fin de la guerre froide», avait déclaré Antony Blinken vendredi à l’issue d’une réunion du G7 en Italie. TikTok risque de se rajouter à la longue liste des discussions.